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mardi, 17 septembre 2024

L'ABBE PIERRE SAUVE L'HONNEUR ....

.... DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE.

Nous apprenons de source sûre que l'abbé Pierre, en s'approchant tout près, voire tout contre les femmes qu'il rencontrait, accomplissait une mission secrète confiée par les plus hautes autorités du Vatican : contrer par ses actes, en prêchant d'exemple et en payant de sa personne, la vaste campagne de diffamation visant le clergé catholique et colportant des infamies sur le comportement des prêtres, laissant se répandre des rumeurs sur leur sexualité déviante. 

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On voit sur ce cliché pris par notre reporter Jean-Marc Reiser le désespoir et l'incontestable révolte d'Henri Grouès (= abbé Pierre) contre la décadence dont l'Eglise catholique se rendait coupable. Oui, il fallait réagir pour extirper jusqu'aux racines du Mal qui souillait la chrétienté dans ce qu'elle avait de plus sacré. Alors oui : joignons nous tous à l'appel unanime, et proclamons : « Vive l'abbé Pierre ! Merci, abbé Pierre, de vous être sacrifié pour redresser les torts d'une Eglise qui glissait sur la mauvaise pente ! Merci d'avoir par vos actes rétabli la vérité : les curés ont une sexualité tout à fait normale ! » 

On peut écouter Les Matins de France Culture (18 septembre 2024) pour en savoir plus sur l'esprit de charité qui guidait l'abbé Pierre, l'amenant à "faire don de sa personne" à tant de personnes de sexe féminin pour remplir la sainte mission à laquelle il s'est voué sa vie durant.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-l-invite-e-des-matins/abbe-pierre-l-eglise-en-a-t-elle-fini-avec-l-omerta-6367232

dimanche, 07 avril 2024

DES SPÉCIALISTES COMME ...

... S'IL EN PLEUVAIT !!!

Aujourd'hui, nous plaignons le praticien d'un métier trop souvent vilipendé : le journaliste. Car à l'instant où il naît professionnellement à son métier, je veux dire : le jour de la remise solennelle de son diplôme en véritable parchemin d'âne (ben si : on dit précisément "peau d'âne"), le journaliste reste un être profondément, essentiellement, définitivement et cosmologiquement embryonnaire, imparfait, incomplet. Bref, le journaliste fait partie de ces groupes humains que l'on désigne en novlangue, avec un zeste de distance mêlée de commisération, « en situation de handicap ».

C'est humain : quelle que soit la spécialité à laquelle il se destine, il ne peut pas tout savoir. Mieux : il n'a pas le droit de sortir de lui-même l'intégralité des informations qu'il est chargé de délivrer.

C'est la raison pour laquelle les organisateurs de la profession recommandent au futur journaliste de cultiver l'art de s'entourer, je veux dire de donner de la légitimité au thème et aux contenus qu'il développe en ne s'exprimant pas en personne, mais par le truchement d'un professionnel qualifié dans le domaine du savoir dont il traite.

Celui-là, appelons-le, si vous le voulez bien, le SPÉCIALISTE. J'ignore si le journaliste dispose d'un budget qui lui permette de rémunérer l'intervention du spécialiste. Ce qui m'intéresse ici, c'est l'infinie biodiversité qui règne dans les rangs de cette famille animale, de l'espèce la plus banale et la plus générale (mettons "historien", ou à la rigueur "sociologue") à la plus surprenante, en passant par toute une guirlande bigarrée de branches improbables.

Ci-dessous, quelques exemples picorés au hasard de mes écoutes radiophoniques (je fournis toutes les références pour permettre aux curieux de vérifier que je n'invente rien).

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Spécialiste de la gouvernance des migrations (France Culture, 11 novembre 2022 à 12h30).
Spécialiste des îles Andaman (France Inter, 11 novembre 2022, vers 13h24).
Spécialiste des relations armées / société (France Inter, 11 novembre 2022, vers 18h39).
Spécialiste de la morphogénèse (France Inter, 13 novembre 2022, vers 19h46).
Spécialiste des Jeux Olympiques (France Inter, 14 novembre 2022, vers 6h15)
Spécialiste de la Chine contemporaine (France Culture, 14 novembre 2022, vers 12h38).
Spécialiste des droits des médias (France Culture, 25 juillet 2023, vers 7h23).
Spécialiste des droits de l'enfant (France Culture, 25 juillet 2023, vers 7h34).
Spécialiste de la grande distribution (France Culture, 1 août 2023, vers 7h25).
Spécialiste des punaises au Muséum National d'Histoire Naturelle (France Culture, 5 octobre 2023, vers 7h05).
Spécialiste des actions anticorruption (France Culture, 28 décembre 2023, vers 7h07).
Spécialiste de la littérature russe (France Culture, 28 décembre 2023, vers 7h45).
Historien spécialiste de l'édition (France Culture, 29 décembre 2023, vers 8h14).
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Bon, j'arrête ici, avant l'indigestion. Il va de soi que ne figure dans cette liste qu'un minuscule échantillon de l'impressionnante panoplie offerte à l'auditeur par les ondes radios du service public. Il va de soi que j'éprouve un peu de pitié pour les gens qui font profession de journalisme : vous vous rendez compte ? Obligés d'effacer leur présence derrière les savoirs dûment estampillés de gens qui ont fait leur pré carré d'un petit champ du savoir, précisément délimité et cloisonné ? C'est la dure loi du métier de journaliste : s'absenter de lui-même, ne pas exister par lui-même, disparaître.

Que la profession journalistique dans sa globalité et sa diversité veuille bien trouver ici l'expression de ma plus profonde compassion.

vendredi, 05 avril 2024

QUE DES BONNES NOUVELLES !!!

Le Molnupyravir bloque la polymérase virale.
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La villa de Silvio Berlusconi en Sardaigne compte 126 pièces.
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L'artiste Joanna Vasconcelos a renoncé à présenter à Versailles son grand lustre en Tampax : ç'aurait été une provocation inutile.
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La Comédie Française compte 3.000 pièces à son répertoire.
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Les "Variations Goldberg" de Jean-Sébatien Bach ont été enregistrées dans 600 versions différentes. 
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La dernière mouture du D.S.M. (Disease Statistical Manual) publié par l'A.P.A. (American Psychiatric Association) — D.S.M. 5 — inventorie 450 troubles mentaux. Le D.S.M. 1 (la première version) en comptait 60.
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Les spécialistes des sciences humaines, toutes disciplines confondues, appliquent avec rigueur les méthodes de la zoologie à l'espèce humaine (individus, groupes, ethnies, sociétés, etc.). « On n'arrête pas le progrès : il s'arrête tout seul » (Alexandre Vialatte). Répétez après moi : « Les Sciences Hume-Haine ».
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Le pape François a envoyé à l'occasion de Pâques sa bénédiction turbide et morbide.
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En langage journalistique, un pseudonyme s'appelle un "perruquier".
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La série télévisée "Tchernobyl" a fait exploser le "tourisme de catastrophe". (France Culture, 13 juin 2019, autour de 8h50, Mathilde Serrell).
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Ils sont environ 200 : ce sont les grands journalistes, responsables de presse, éditorialistes, chefs de service, etc. Ils font la loi, la pluie, le beau temps et le reste à la tête des médias français.
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Les Peuls sont présents dans 22 pays en Afrique.
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Recensement en Chine : 7.000.000 d'agents recenseurs.
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« L'humanitaire, c'est le Service-Après-Vente des marchands d'armes » (une belle et horrible vérité entendue sur France Culture le 2 juillet 2020 vers 18h58, dans la bouche de madame Monique Chemillier-Gendreau).
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Il a grandi, le bébé tout nu nageant devant un gros billet vert qui figure sur la pochette du disque "Nevermind" du groupe Nirvana (Curt Cobain). Aujourd'hui adulte, il a porté plainte contre le groupe. Selon les sources, pour cause de "détresse émotionnelle" ou pour "pédopornographie".
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Un quart de la production française de livres va directement au pilon.
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Graffiti dans un urinoir où il est demandé de ne jeter aucun papier : « DAKO MESSI OVOA ».
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La B.D. se porte très bien en France : en 2020, les éditeurs ont produit 16 albums par jour = 5.840 B.D. dans l'année. Cela dit, je doute que tous les auteurs mangent à leur faim grâce à leur seul travail de bédéastes.
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Entendu sur l'antenne de France Culture le 18 septembre 2018 : 
« Des Parisiens viennent de s'installer dans un village du Var. Au bout de quelque temps, ils demandent au maire de faire cesser le chant des cigales. Refus du maire. »

« Des Parisiens s'installent dans un village du Cantal, près d'une installation bovine. Ils intentent un procès à l'éleveur pour "nuisances olfactives". Le tribunal, puis la Cour d'Appel leur donne raison ».
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Donald Trump réagit aux méga-feux qui ravagent la Californie : « S'il y avait moins d'arbres, il y aurait moins d'incendies ».
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Entendu sur l'antenne de France Culture (11 janvier 2021 vers 12h30) : « Les violences conjugales pendant le confinement ont connu une véritable explosion par rapport à la normale ».
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Les héritiers et ayants droit d'Antoine de Saint-Exupéry peuvent être contents : 350 marques se disputent le marché des produits dérivés estampillés "PETIT PRINCE".
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L'expression « Nacht und Nebel » (Nuit et Brouillard), utilisée par les nazis pour désigner le projet d'extermination des juifs, tsiganes, etc., figure dans le texte de L'Or du Rhin, opéra-prologue de la Tétralogie de Richard Wagner. C'est Alberich, roi des Nibelungen, qui, coiffé du casque magique ("Tarnhelm"), disparaît à la vue en chantant : « Nuit et brouillard, plus personne ».

vendredi, 26 janvier 2024

LE PLUS GRAND PLAN SOCIAL ...

... L'AGRICULTURE.

« Ce qui se passe en ce moment avec l’agriculture en France, c’est un énorme plan social, le plus gros plan social à l’œuvre à l’heure actuelle, mais c’est un plan social secret. » 

Michel Houellebecq, Sérotonine, Flammarion, 2019. 

Voilà pour les données de base du problème : un vulgaire plan social comme tous les autres plans sociaux, avec cette différence que, jamais annoncé officiellement par quelque responsable que ce soit (politique, syndical et que sais-je ?), il se sera étalé sur des dizaines d'années.

Soit dit par parenthèse, on peut quand même s'étonner que pendant que la France se désindustrialisait massivement en vendant ses principaux moyens à la Chine (et à quelques autres pays misérables à l'époque : salaires tendant vers zéro, profits tendant vers l'infini, sans compter les "transferts de technologies"), elle entreprenait de faire entrer toute son agriculture dans une ère modernissime et archi-industrielle. Les responsables de ce choix envisageaient sans peur l'extermination sociale de toute une classe d'individus jugés passéistes et rétrogrades pour un péché mortel que j'appellerai : « les pieds dans la glèbe ». Et pourquoi pas des "paysans aux mains soignées, propres et manucurées", devait-on se dire en haut lieu?

Partant de là, on peut déjà parler d'un plan massif de licenciement dans les entreprises agricoles, fermes familiales, petites exploitations et petits paysans. Compression drastique de personnel. Il n'a jamais été question d'autre chose que de faire de la production de l'alimentation humaine une entreprise industrielle compétitive sur le marché mondial.

Pour cela, un marxiste pointerait un processus de concentration des moyens de production. En clair et en français : calquer l'entreprise agricole française sur son modèle américain, qui est fait de gigantisme entrepreneurial, d'appel massif aux investisseurs gourmands (banques, fonds de pensions, etc.), de mécanisation à outrance et d'usage abondant des ressources procurées par l'industrie agrochimique.

Toute autre considération lancée par Macron, Fesneau, voire Darmanin, et même Arnaud Rousseau en direction des agriculteurs en colère peut être qualifiée de pipeau, fumée,  mensonge, fadaise, calembredaine, faribole et foutaise. Arnaud Rousseau ? Mais si, vous savez bien, c'est lui qui a succédé à Christiane Lambert à la tête de la F.N.S.E.A. 

F.N.S.E.A. ? Quèzaco ? C'est un « syndicat » qui regroupe les agriculteurs, paraît-il. C'est même LE syndicat (c'est pas vrai, mais que pèsent les "Jeunes Agriculteurs", la "Confédération Paysanne" et autres ?). Officiellement, il se charge de défendre les intérêts des dits agriculteurs, et de tous les agriculteurs, petits ou grands. En réalité, le projet des gros pontes de la F.N.S.E.A. (ceux qui tiennent fermement la vérité du pouvoir dans le syndicat) est de faire de l'agriculture française dans son ensemble une entreprise industrielle performante. Ah ? Tiens donc !!! J'ai déjà entendu ça quelque part (voir plus haut). Pourquoi voudriez-vous que la F.N.S.E.A. échappe à la logique du capitalisme le plus débridé ? 

J'entends justement à l'instant à l'antenne de France Culture (26 janvier 2024 à 7h. 08-09) une agricultrice dénoncer l'action pernicieuse du syndicat, qui, selon elle, « fait semblant de défendre les paysans ». Ben oui, on a compris ; la F.N.S.E.A. n'aura atteint son but que lorsque toute l'agriculture française ressemblera à une énorme et immense machine à produire de la bouffe. La terre comme une usine, quoi.

Ainsi s'accomplira le vœu d'Edgar Pisani, autrefois ministre de l'agriculture qui était rentré de sa visite aux U.S.A. ébloui et fasciné par la façon dont les Américains traitaient la terre, et qui avait mis en œuvre une grande politique de remembrement (cf. "concentration"), de destruction de centaines de kilomètres de haies, d'investissement-endettement (avec la complicité du Crédit Agricole), de machinisme, de productivisme. Dans une telle vision du monde, on est prié de considérer la terre, y compris agricole, comme un énorme et quasi inépuisable gisement de richesses sonnantes et trébuchantes.

Cela n'a aucun rapport, évidemment, mais je pense à la relation du Hamas avec le peuple palestinien : le groupe terrorisant brandit le chiffre de 25.000 morts dans la bande de Gaza. Mais ce bilan faisait exactement partie du plan des chefs du Hamas quand ils ont lancé leur pogrom sur les kibboutzim aux abords du territoire, puisqu'ils peuvent à présent se présenter comme des victimes du bourreau israélien. Pour atteindre l'objectif (détruire Israël), tous les moyens sont bons, y compris le meurtre par ennemi interposé d'un quota jugé satisfaisant de morts civils, enfants, femmes et vieillards offerts en sacrifice à la "cause" soi-disant palestinienne. 

Eh bien pour les paysans français, c'est la même chose, la mort en moins (quoique) : 2.500.000 en 1955, 496.000 en 2020. Qu'est-ce que s'est-il passé ? L'évolution est inexorable, la concentration est en marche, la petite exploitation est appelée à se fondre et à être mangée par une entreprise plus grosse qu'elle et par ses machines. Pour la F.N.S.E.A., cette fonte des effectifs (appelons ça des licenciements massifs) fait précisément partie du plan d'ensemble. Pour atteindre l'objectif, tous les moyens son bons. On peut appeler ça un processus historique. On peut aussi appeler ça une extermination sociale d'une classe.

Inscrivez cela dans le grand tableau européen fait de tracasseries diverses, de contrôles tatillons, de normes pesantes et de "rationalisation" des productions agricoles, et vous aurez une petite idée des raisons de la colère qui a jeté les tracteurs en travers de nos autoroutes.

Maintenant demandez-vous, face à l'inéluctable, ce que peuvent faire les responsables politiques français. C'est facile à deviner : pérorer, gesticuler, aller faire un tour à la campagne et sortir le carnet de chèque. Quant à agir sur les causes et à arrêter le processus, c'est tintin, fantoche, marionnettes et compagnie. 

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Là, on est bien sûr dans la Rubrique-à-Brac de Marcel Gotlib (Intégrale Dargaud, 2002, RàB taume 3, p.261, "Deux poids, deux mesures").

 

vendredi, 15 décembre 2023

iL GARDE LE MORAL !!!

... ET LE SENS DE L'HUMOUR !!!

Ce gars-là, il est atteint de la maladie de Charcot. Adepte des jeux de raquettes, il a constaté au fil du temps qu'il avait de plus en plus de mal à faire usage de ses bras. Et puis le verdict est tombé. D'abord les bras, et peu à peu le reste a suivi. Lucide, il envisage la fin, y compris celle qu'il aura décidée lui-même. C'est dire que. Et vous savez, le gus, ce qu'il sort au micro de France Culture, en ce vendredi 15 décembre 2023, entre 7 heures 25 et 7 heures 30 ? Un truc de grand humoriste, mais du genre féroce puisque c'est à ses propres dépens (la citation est textuelle).

« C'est pas parce que ma femme est végétarienne que je veux finir en mode légume ».

Alors là, dans un humour comme celui-là, j'entre chapeau bas. Desproges n'est pas loin. Merci Monsieur pour cette leçon de savoir-vivre et savoir-mourir.

jeudi, 14 décembre 2023

PETIT RECUEIL DE BÊTISES ...

... PARSEMÉ DE QUELQUES VÉRITÉS.

ou ... les plus courtes sont les meilleures (c'est du vrac).

Un critique américain, sur Amériques d'Edgar Varèse : « Symphonie pour voiture de pompiers et marteau-piqueur ».
Contrepèterie : Le Quai des brumes.
Entendu à la radio le 27 juin 2022 à 8 h. 38 : « Si vous avez été enceinte ou enceint ».
Mon petit, je vais te chanter une perceuse.
Alger vous faire voir.
Contrepèterie : Les ponts et les quais de Lyon.
Ne pas confondre la sauce islandaise et la saucisse landaise.
Dicton paysan : « C'est à la fin du marché qu'on compte les bouses ».
De Quentin Laffay, un samedi matin sur France Culture le 9 septembre 2023 : « Le Tombereau de Couperin de Ravel ».
Putsch au Gabon : Gabon Banania.
Le Molnupyravir bloque la polymérase virale.
Météo du 1 octobre 2023 : il fera 7 à Troyes.
27 octobre : on a vu des crocodiles nager dans les rues d'Acapulco frappé par l'ouragan Otis.
Maladie d'Alzheimer : le cerveau des Danaïdes.
24 octobre 2020 : Quartararo est champion du monde en moto GP. Le journaliste : « Historique, le mot n'est pas trop faible ! »
Ah, visiter Paris en bateau moche !
La paquebeau et le coquelaid (fable).
Contrepèterie (régulière dans le journal) : Ni fleurs ni plaques.
11 janvier 2021, France Culture, infos de 12h. 30 : « Les violences conjugales pendant le deuxième confinement ont connu une véritable explosion par rapport à la normale ».
« Tu sais même pas c'que ça veut dire, être amoureux. — Ben si ! Ça veut dire qu'on a un cœur ! » G. ♂ et N. ♀ (8 et 5 ans) en train de jouer.
Contrepèterie : L'huile ou la caisse. 
Les faux steaks hachés : les faussetés cachées.
Plus de 20.000 meurtres chaque année aux Etats-Unis : le dérèglement crimatique.

lundi, 06 novembre 2023

ISRAËL RATE L'OCCASION DU SIÈCLE

L'Etat d'Israël vient de rater l'occasion du siècle. Du siècle ? Comment ça, baratineur de blog ? Eh bien pas la peine d'avoir Bac + 12 ou d'être sorti d'une Académie militaire pour s'en convaincre. A croire que les dirigeants de l'Etat hébreu semblent trop américanisés (je veux dire "mal dégrossis") pour comprendre les subtilités des guerres dites "asymétriques". Ils font pleuvoir des orages de bombes sur la population de Gaza. Du coup, les dégâts « collatéraux » parmi la population civile deviennent la règle, et le ciblage des méchants l'exception. C'est aveugle, criminel et con.

Ils ont beau savoir que les stratèges du Hamas, aidés en cela par les meilleurs stratèges iraniens, avaient derrière la tête une idée particulièrement tordue, ils font comme les Américains au Vietnam : le tapis de bombes. Suite à cette "stratégie" trop niaise pour être digne de ce titre, Israël est désormais, aux yeux de la plupart des pays normalement humanistes, un bourreau sanguinaire. Exactement le renversement des responsabilités attendu, souhaité et prévu par le Hamas.

Certains commentateurs vont jusqu'à égaler Netanyahou et Tsahal en cruauté aveugle à d'autres bourreaux dont les juifs furent eux-mêmes les victimes, en masse, en d'autres temps. On ne peut pas, hélas, donner complètement tort aux critiques qui s'abattent sur Israël. Pourtant, les terroristes du Hamas, par l'énorme pogrom commis le 7 octobre, avaient offert aux dirigeants israéliens une occasion en or, quasiment l'occasion du siècle, de retourner l'opinion mondiale en leur faveur. Ne pas avoir sauté sur cette occasion reste pour moi une énigme et une faute.

Vous imaginez le boulevard ouvert devant l'Etat d'Israël quand le monde a découvert, horrifié, l'étendue des massacres du 7 octobre ? Vous imaginez l'énorme opération de propagande gratuite qu'il aurait pu mener face au monde entier, à la tribune de l'ONU, et dont il aurait pu remercier le Hamas de la lui avoir offerte sur un plateau ? L'extraordinaire et idéal moment de se présenter en victime à la face de l'humanité ? Le voilà le grand mot que les Israéliens ont oublié de marteler : se présenter comme les victimes d'une haine exterminatrice. Quel tableau ! Quelle victoire ç'aurait été ! Et Hamas, Hezbollah et Iran l'auraient eu dans le baba ! La queue basse, les mollahs !!! A la niche les molosses !!!

Mais non, pour cela, il aurait fallu réfléchir, et non pas réagir dans l'instant, sous le coup de l'émotion, du scandale, de la souffrance, de la colère et de l'horreur. Il aurait fallu voir l'intention cachée derrière les actes des tueurs. En deux mots, il aurait fallu élaborer une vision politique de la situation ainsi créée, et non seulement se fier à une conception purement militaire, par définition incapable de parler autrement qu'avec le langage de la force. Avec au demeurant une efficacité très douteuse, précisément en termes militaires : à combien chiffre-t-on les hauts responsables du Hamas dégommés par l'armée israélienne ?

Pour réagir avec intelligence, il aurait fallu que les gouvernants israéliens sortent de la mécanique et de l'automatisme de la vengeance. Vous pouvez être sûr que, si Israël avait brandi comme un étendard les photos des hommes, des vieillards, des femmes, des enfants assassinés, aucun pays, fût-il acquis à la cause islamiste, n'aurait osé prendre le parti des assassins. Vous auriez vu le grand concert des nations se précipiter au secours de la nation attaquée dans sa chair. Israël aurait fait l'unanimité autour de lui. Vous imaginez, pour une fois, l'unanimité dans la compassion pour les juifs et dans la réprobation de leurs lâches ennemis ?

Au lieu que là, non seulement l'armée et tous les organes qui de défense et de sécurité ont été lamentablement pris en défaut, mais en répliquant comme des brutes en fonçant dans le piège tendu par le Hamas, ils ont 1 - fini par donner le beau rôle à celui-ci, 2 - réussi à faire oublier les actes barbares commis par celui-ci, 3 - revêtu aux yeux de tous le costume de l'ogre, du monstre, du grand méchant loup. 

Quel stupide et horrible gâchis ! C'est trop tard pour faire autrement. Israël est pris dans l'engrenage : il ne peut que poursuivre sur sa lancée et aggraver son cas aux yeux du monde. On saura plus tard l'ampleur de tout ce qu'a perdu Israël en réagissant comme il l'a fait. 

***

Note : maintenant, après cette terrible victoire des terroristes du Hamas, celui-ci a-t-il fait avancer la cause des Palestiniens ? Rien n'est moins sûr. Je persiste à penser, moi qui ne suis en rien géopoliticien, que la défense de la cause du peuple palestinien figure à peine comme un iota dans le programme du Hamas, même si celui-ci s'impose actuellement comme le vrai et seul représentant authentique, au détriment de l'Autorité palestinienne qui, dans la circonstance actuelle, se trouve, si c'est possible, encore plus disqualifiée qu'en temps ordinaire. [* Note : Je viens précisément d'entendre (16 novembre dans Les Matins de France Culture) que les gens du Hamas ont déclaré officiellement (ou au moins publiquement) que celui-ci avait besoin du sang des innocents pour affermir la ferveur révolutionnaire dans les rangs de la population palestinienne. Non seulement les terroristes n'en ont pas honte, mais ils s'en vantent.] 

A cet égard d'ailleurs, on peut dire que l'opération "assassinats" est pour le Hamas une réussite en termes de pouvoir et d'instrumentalisation de la cause palestinienne. Que la cause palestinienne, et même celle des prisonniers palestiniens en Israël, puisse être portée aujourd'hui par un mouvement composé de musulmans fanatiques et dont l'essentiel de la doctrine consiste en l'élimination pure et simple de l'Etat juif, c'est juste un échec tragique des forces de la Raison. Le Hamas représentant le peuple palestinien ? C'est ce qui pouvait arriver de pire à ce dernier. 

Et c'est de très mauvais augure pour l'avenir du peuple palestinien : la violence de Septembre Noir (J.O. Munich 1972) et du F.P.L.P. à laquelle s'ajoute la bouillie religieuse d'un islam haineux, tout ça annonce des lendemains qui ne chanteront pas (ci-dessous titres de tribunes parues dans Le Monde des 29-30 octobre et 9 novembre).

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vendredi, 15 septembre 2023

DES PERLES COMME ...

... S'IL EN PLEUVAIT.

Oui, je sais, j'écoute un peu trop la radio, mais que voulez-vous, c'est comme ça, et ça fait si longtemps. Dans le brouillard qui s'épaissit et s'approfondit parfois à l'excès, il arrive à mon oreille d'être piquée par l'aiguillon des trouvailles — involontaires en général — de tous ces gens autorisés à causer dans le poste. Autant de bonbons que je laisse au lecteur le soin d'apprécier.

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Entendu sur France Musique hier soir. Benjamin François (ou Arnaud Merlin ?) présente le programme du concert de 20 heures, qui commence par une œuvre de Pouët-Pouët Boulez : « Le Sacre du printemps n'a pas perdu une ride depuis sa création ».

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Sur France Culture, le 6 septembre 2023 à 12 h. 11 environ. On parle d'un film quelconque : « Une actrice qui a eu un accident de voiture et qui a disparu de la circulation ».

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Toujours France Q, le 27 avril 2023 vers 12 h.40 : « Doubler la facture par deux ».

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France Q, 9 septembre vers 7 heures 17, dans la bouche de Quentin Laffay (on est samedi) : « Le Tombereau de Couperin, de Maurice Ravel ». Répété tel quel dans la "désannonce".

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France Culture encore, le 14 août dernier vers 7 heures 03. On parle de migrants et de passeurs, qui se donnent rendez-vous le long de La Canche, fleuve côtier du Pas-de-Calais, par souci de discrétion : « Ils remontent le fleuve jusqu'à la Manche ».

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Philippe Manière, "consultant" en je ne sais quoi (entreprise "Vae Solis" = "Malheur à l'homme seul"), sur France Culture , le 30 janvier 2023 à 8 h. 08 : « Je ne suis ni pour ni contre, bien au contraire ».

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A propos de Carlos Ghosn, le 20 novembre 2018 à 7 h. 02, dans la bouche du journaliste Hakim Kasmi : « Même le Medef se pourfendra d'une lettre ».

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Le 10 octobre 2018, sur France Culture vers 8 heures 20 : « Ces nouveaux députés La République en Marche n'ont pas la rouardise des députés du vieux monde ».

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A SUIVRE .......

lundi, 17 avril 2023

MACRON VA CAUSER DANS LE POSTE

Les journalistes sont incorrigibles, et ça finit par être d'une grande drôlerie. Ils n'ont pas attendu que Macron s'adresse au peuple à une heure de grande écoute pour supputer ou essayer de deviner la teneur du baratin que le président s'apprête à tenir. Et que je t'analyse, et que je te dissèque, et que je t'interprète des phrases même pas encore prononcées. Et on entend ça sur France Culture ce lundi matin. Guillaume Erner devait manquer de sujets.

Mais peu importe ce qu'il dira face caméra : nous sommes en mesure de révéler — en exclusivité mondiale — le vrai contenu des pensées de notre président. Ainsi, notre reporter à la houppe a été assez malin pour se glisser incognito dans l'entourage immédiat du chef de l'Etat et pour enregistrer quelques-unes de ses confidences « ex cathedra ». Voici un assez bel extrait de ces propos qui auraient dû rester secrets et que nous avons pu nous procurer.

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Nul doute que les Français qu'on voit s'étonner sur notre photo sauront tirer la conclusion qui s'impose après la révélation d'un tel discours. Ci-dessous l'image anticipée de quelques événements à venir, où l'on découvre qu'Elisabeth Borne, à la course, est plus rapide que le président.

Note : J'ai à peine bidouillé la vignette de la page 26 ci-dessus, mais je n'ai pas touché, ci-dessous, à celle de la page 27.

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mardi, 14 février 2023

POÈTES MÉDIATIQUES ...

... INVOLONTAIRES ?

« Je ne suis ni pour ni contre, bien au contraire ».

Ce petit bijou est offert par le consultant Philippe Manière, fondateur de la société Vae Solis ("Malheur aux gens seuls", sans doute en référence au mot de Diderot à propos de Jean-Jacques Rousseau : "Il n'y a que le méchant qui vit seul"). On a pu l'entendre formulé le 30 janvier dernier à l'antenne de France Culture autour de 8 heures 38.

« Quand on coupe la poire en deux et qu’on multiplie par quatre ».

Quant à cette petite gourmandise de gourmet, nous la devons à une invitée (dont j'ai oublié de noter le nom) de l'émission La Terre au carré (France Inter, 13 février dernier autour de 14 heures 19), qui traitait de l'échouage des dauphins sur nos plages de l'Atlantique.

samedi, 26 mars 2022

PAS DE "GRAND REMPLACEMENT", MAIS ...

... MAIS UN ISLAM CONQUÉRANT, PATIENT, RAMPANT, OBSTINÉ.

1 - Un remplacement a déjà eu lieu.

Je le dis d'entrée de jeu : les gens qui affirment, de façon sincère ou non, redouter le grand remplacement de la population française "de souche" par des hordes venues du Maghreb, d'Afrique noire ou du Proche ou Moyen Orient, se laissent leurrer par des fantasmes ou des mensonges. De toute façon, ma conviction est faite depuis longtemps : la seconde moitié du XXème siècle a déjà vu l'ancienne population française se laisser remplacer, année après année, par ses libérateurs de 1945.

Régis Debray, dans son livre Civilisation (Gallimard, 2017), raconte de façon lumineuse et probante « comment nous sommes devenus américains » (le sous-titre, c'est moi qui souligne). De son côté, Jean-Pierre Le Goff, en racontant dans le détail le quotidien de la France qu'il a connue de 1950 à 1968 (La France d'hier, Stock, 2018), dessine les traits d'un pays que la plupart des Français d'aujourd'hui qualifieraient d'épouvantablement ringarde, obsolète, rétrograde, presque archéologique.

Moyennant quoi, ils refusent d'admettre que la France, si elle garde malgré tout des traces de ce qu'elle fut en d'autres temps, a laissé plus ou moins joyeusement, plus ou moins consciemment, remplacer ses décors, son habitat, sa culture, ses traditions, ses façons d'être et de faire, sa psychologie et jusqu'à son âme, par les innombrables biens matériels et culturels venus des Etats-Unis. La France est devenue une cliente. Certains disent même un protectorat (mais ils exagèrent sûrement). Les Français sont quasiment gallo-américains, diraient Goscinny et Uderzo dans Le Combat des chefs.

Au point que, dès qu'une innovation plus ou moins innovante (je ricane), plus ou moins "historique" (je pouffe), plus ou moins "révolutionnaire" (je me gausse) pointe le bout de l'oreille sur le sol américain, nos chers journalistes, toujours prêts à gober la moindre "nouveauté", saluent avec enthousiasme son prochain débarquement en Normandie, je veux dire sur notre sol, allant même parfois jusqu'à préciser que la France, toujours à la remorque du navire amiral d'outre-Atlantique, n'est-ce pas, est en retard de dix ans sur les Etats-Unis. Au point que personne n'a oublié le cri du cœur de Jean-Marie Colombani paru en éditorial de "une" du journal Le Monde au lendemain du 11 septembre 2001 : « Nous sommes tous Américains ».

Remarquez qu'en 2003, le refus radical de Jacques Chirac et Dominique de Villepin d'entrer dans la coalition américaine (illégale) pour démolir le régime de Saddam Hussein, tend à prouver que nous n'étions pas si américains que ça. Et les journaux et médias américains ont alors si abondamment craché sur la France que cela a pu réconforter ceux qui avaient un reste de fierté nationale, sans forcément leur ouvrir les yeux sur la réalité ou la profondeur de l' "amitié" que nous portent les Américains.

Malheureusement, c'était juste un sursaut de fierté de la part de quelques attardés du gaullisme. La France vassale a vite repris ses droits. Nicolas Sarkozy (aah, ses footings avec les T-shirts floqués NYPD !) a même réintégré la France dans le commandement de l'OTAN (officine largement dominée par le suzerain américain), et sans contrepartie. En chemise et la corde au cou, pour ainsi dire.

Et tout aussi malheureusement, nous sommes devenus assez Américains pour que j'en veuille énormément à certains Français d'avoir importé des modes de pensée propres aux Etats-Uniens, à commencer par cette arrogance dans l'affirmation de l'identité (les "fiertés" qu'on fait défiler), qui fait d'une petite collection de "minorités" (raciales, sexuelles, religieuses, etc.) des prescripteurs de lois.

Ces minorités n'hésitent pas à calquer benoîtement sur la situation spécifiquement française (données historiques comprises) les problématiques particulières propres aux Américains. Ces minorités haïssent la liberté d'expression quand elle froisse si peu que ce soit l'épiderme de leur sensibilité, au prétexte qu'elles se sentent victimes de l' "oppression majoritaire" et des "stéréotypes" dominants, et ne pensent qu'à une chose : faire taire l'ennemi, et punir, punir, punir. Il faut ensuite être un mouton aveugle et sourd pour continuer à bêler sur le "vivre-ensemble" ou sur le "faire-société".

Bon, tout ça pour dire que le "grand remplacement" est un fait accompli depuis lurette : les Américains, appuyés sur leur "soft power" (cinéma, musique, etc.), ont fait en sorte que la France change de peuple. C'est une chose acquise, il n'y a plus beaucoup d'âme française chez les Français. Le Français d'aujourd'hui se sent très bien dans les oripeaux que lui a vendus l'Amérique, et va même jusqu'à qualifier d' "anti-Américains" tous ceux qui "crachent" dans la soupe.

Ceux qui s'intitulent "français de souche" devraient y réfléchir, car dans le tas des idées importées des USA, il en est une qui pourrait au moins susciter des interrogations : c'est le melting pot, ce "brassage et assimilation d'éléments démographiques divers, en partic. aux Etats-Unis, au XIXème siècle" (Larousse P.L.I. 2002). Pourquoi la France n'aurait-elle pas aussi importé cette magnifique innovation ? Pourquoi la France ne deviendrait-elle pas à son tour un gros tas de chouettes peuplades juxtaposées ? Pourquoi n'adopterait-elle pas pour étendard le drapeau arc-en-ciel des fiertés mondialisées ?

2 - Pas de "Grand Remplacement", mais une offensive opiniâtre et tranquille.

Je ne sais donc pas trop si ces Français de souche, qui pestent parfois violemment et de façon indiscriminée contre l'immigration, ont tort ou raison quand ils hurlent au "grand remplacement". Ce dont je suis sûr, c'est qu'ils devraient prêter davantage d'attention à un phénomène si discret qu'il passe largement au-dessous des radars de la vigilance ordinaire : le combat culturel mené au quotidien par un certain nombre d'activistes musulmans, en particulier des imams, pour se concilier, puis s'approprier l'esprit de tout un tas d'individus peu instruits, peu méfiants ou peu regardants. Car ces activistes sont assez habiles pour éviter de mettre en avant le djihad, la violence ou la guerre aux "croisés" de la chrétienté. On a à faire à des imams souriants et bienveillants : nulle trace d'hostilité déclarée dans leurs paroles et leurs attitudes.

En témoigne un homme qui fut d'abord un réfugié syrien admis sur notre sol. Omar Youssef Souleimane est un poète et un écrivain. Il est né dans une famille rigoureusement salafiste, le père, surtout. Aujourd'hui, il est Français depuis trois mois, et il vient d'écrire Une Chambre en exil (Flammarion). Il était l'invité de Marc Weitzman dans son émission "Signes des temps", sur la chaîne France Culture, dimanche 20 mars, pour en parler un peu. 

Mon intention ici n'est pas de rapporter ses propos dans le détail. Je veux seulement relever quelques idées cruciales qui nous concernent, nous, qui nous sentons avant tout Français, Européens et de culture complexe à dominante chrétienne écrasante, quoique déclinante. Son aventure a commencé en 2012, lorsque, en compagnie d'une vingtaine d'autres "rêveurs" (c'est lui qui le dit), il a manifesté à Damas pour la liberté. Alors que six d'entre eux étaient arrêtés pour subir les traitements qu'on imagine, il a réussi à échapper aux sbires de Bachar al Assad. 

Il raconte qu'il a été sauvé par la poésie, en particulier celle de Paul Eluard, mais aussi par la "vieille" poésie arabe, qui lui inspire cette belle pensée que la langue arabe, qui date de bien avant l'islam (Vème siècle ?), recèle des richesses infiniment plus vastes que la langue du Coran qui, quant à elle, a été figée autour du XIème siècle (ça fait quand même 1.000 ans) en tant que langue sacrée et à ce titre intouchable. Le rigorisme qui s'est alors abattu sur la langue des Arabes a empêché celle-ci d'évoluer avec le temps.

L'interlocuteur de Weitzman se désole alors à l'idée que beaucoup de ceux qui veulent apprendre l'arabe aujourd'hui, ne le font que pour lire le Coran dans le texte. J'ajoute que si le programme des écoles coraniques consiste vraiment à faire apprendre par cœur le texte du Coran, il y a du mouron à se faire sur le niveau de la culture ainsi transmise et sur la future ouverture d'esprit des élèves.

Omar Youssef Souleimane raconte comment, arrivé en tant que réfugié à Bobigny, il a fait la rencontre d'un imam redoutable, non parce qu'il portait un poignard, ni parce qu'il voulait exterminer les maudits "koufars", mais parce qu'il montrait un visage "doux, intelligent, sympathique, intellectuel" (ce sont ses mots). Cette stratégie enveloppante et insinuante lui fait dire que ce genre de personnage est beaucoup plus dangereux pour la France à long terme que n'importe quel djihadiste ou terroriste. Et surtout il sait que ce genre d'imam n'est pas un cas isolé, mais qu'il a tendance à pulluler dans les cités de Seine-Saint-Denis et d'ailleurs, là où les musulmans sont nombreux, et parfois ultra-majoritaires. Il ajoute que ces imams sont bien rémunérés (par l'Arabie saoudite ou la Turquie). Cool Raoul ! A l'aise, Blaise ! Facile Mimile !

Selon lui, ce qui se prépare dans ces "territoires perdus de la République" (titre d'un bouquin bien inspiré), c'est une "France séparée", n'en déplaise à une certaine extrême gauche, prompte à lancer ses glapissements antiracistes dès que quelqu'un tente d'alerter sur les dangers de l'offensive islamique tranquille à l'œuvre depuis quelques décennies. Une extrême-gauche qui sort à tout bout de champ ses refrains, du risque de "récupération par l'extrême droite" à la "discrimination". Selon Souleimane, le voile soi-disant islamique est avant tout un drapeau identitaire, car pour ces imams, aussi étonnant que cela puisse paraître, l'islam est moins une religion qu'une identité : l'identité d'une communauté. Et une communauté fermée sur elle-même.

Le plus terrible dans cette affaire, c'est l'incroyable complicité de certains politiciens français qui, pour de simples raisons électoralistes, se mettent cul et chemise avec ces responsables religieux. Certes des gens qui leur font peur, mais dont ils ont un besoin vital, pour une excellente raison : l'influence décisive que leur parole possède sur la communauté dont ils sont la voix. On voit, dit Souleimane, dans certaines municipalités (Bobigny ?), des imams assister à des réunions avec des édiles qui tiennent par-dessus tout à rester en bons termes avec eux et tremblent à l'idée de se les mettre à dos. Et, continue Omar Youssef Souleimane, la police laisse faire l'imam qui tolère le dealer de drogue, au motif qu'ainsi l'ordre règne. Et le maire se frotte les mains, parce qu'il pense que son mandat suivant est déjà dans la poche. Comprendre : "dans la poche de l'imam", bien sûr.

Bien entendu, quand il est dans son cercle de proches, l'imam ne cache rien de son véritable objectif final : instaurer la charia. Face au bon peuple, le discours malin, enjôleur et manipulateur ; face aux initiés, la vérité des intentions. 

Pour conclure, on ne peut évidemment pas effacer un demi-siècle de remplacement de ce qui fut autrefois les valeurs des Français par les "valeurs" spectaculaires et marchandes de nos "amis" américains, mais qu'on y réfléchisse bien : cette transformation a été obtenue en prenant son temps, par la douceur et sans violence, avec le consentement parfois enthousiaste des Français, à commencer par leurs élites. Pourquoi la même patience, la même douceur et la même non-violence n'obtiendraient-elles pas le même résultat, mais cette fois en faveur de l'islam ?

Pendant que toute l'opinion publique et toute la vigilance officielle et officieuse (D.G.S.I.) ont les yeux et les micros braqués sur les événements sanglants, d'autres activistes mènent une offensive d'autant plus subtile, discrète et silencieuse qu'elle est souriante et pacifique. Je dirais presque que les attentats, vus de cette manière, font office de diversions (que les victimes veuillent bien pardonner cette audace de langage) par rapport à l'objectif final.

Il faudrait que les hautes autorités politiques et les pouvoirs municipaux des communes concernées réfléchissent à leur lourde responsabilité dans les progrès accomplis par l'islam "normal" sur le territoire français. Oui, je sais : "il faudrait", ... Mais ne sont-ils pas trop lâches pour cela ? Que ne ferait-on pas pour garder son fauteuil ?

Je récuse quant à moi la différence que certaines bonnes âmes s'obstinent à faire en "islamique" et "islamiste". C'est une question de civilisation. 

Voilà ce que je dis, moi.

Note : Pour ceux qui voudraient savoir un peu mieux à quel adversaire ils ont à faire, je conseille la lecture d'un livre tout à la fois délicieux à la lecture et redoutable à la réflexion, qui permet de pénétrer dans une certaine mesure dans ce qui fait l'esprit de la civilisation des Arabes. Ce livre, c'est Le Livre des Ruses, collection d'anecdotes plus ou moins conséquentes, mais toujours spirituelles, une collection qui aide à comprendre pourquoi les Arabes (les musulmans ?) ont longtemps été considérés en Occident comme des êtres fourbes et sans parole.

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J'ai longtemps tiré de la lecture de ce livre la conviction que si l'Occident médiéval se méfiait de la lettre, il accordait un grand prix à la parole donnée et que, inversement, les Arabes utilisaient les subtilités du verbe pour tromper l'ennemi, ce qui revient à prendre l'adversaire à son propre piège : ce n'est pas mentir que de prononcer des paroles subtiles qui bernent l'attention d'un autrui trop confiant dans une hypothétique similitude des façons de penser, pour mieux pouvoir lui renvoyer, s'il proteste contre la mauvaise foi de la personne, l'exactitude des paroles prononcées.

Et ce n'est qu'une des milles facettes de cet art du langage développé au fil des pages de cet ouvrage tout à fait étonnant. La différence des civilisations arabe et européenne me semble résider là, au creux de la parole : chez nous la ligne droite de la parole donnée (oui, je sais, "les écrits restent" etc., mais), qui fait apparaître comme une félonie la moindre infraction à la loyauté ; chez eux l'admiration qui s'adresse à celui qui, à force d'habileté et de subtilité langagière, a réussi à embrouiller la raison de l'homme à circonvenir.

***

Il faut les voir s'embrasser, se congratuler, sauter de joie, les moukères de Grenoble, à l'annonce de la décision qui autorise (en termes alambiqués) le burkini comme tenue pour les ébats aquatiques en territoire municipal. « ON A GAGNÉ !!! », ont-elles triomphé. Et maintenant qu'elles ont gagné à Grenoble, les associations d'activistes musulmans comptent bien ne pas s'arrêter là, et faire tout ce qui est en leur possible pour accrocher de plus gros gibiers à leur tableau de chasse. L'objectif ? Très simple : grignoter, mètre après mètre, le terrain occupé par l'adversaire en se servant des moyens mêmes offerts par ce dernier. Leur horizon ? Faire avancer, mètre après mètre, la cause de l'islam sur des terres qui ne sont presque plus chrétiennes jusqu'à occuper tout le terrain (ajouté le 19 mai).

mardi, 15 mars 2022

UNE FRIANDISE

Voici ce qu'on a pu entendre, dimanche 13 mars aux alentours de 12 heures 15, au cours de l'émission "Les Bonnes choses" de Caroline Brouet sur la chaîne France Culture, dans la bouche de l'invitée de la séquence "La madeleine", où la personne évoque le plat qui a le plus marqué son enfance et pour lequel elle garde une immarcescible tendresse. Ici, c'est Ludivine Sagnier, actrice de son état, qui parle des escargots à l'ail que préparait sa grand-tante Léonie, dans le Poitou.

« Tante Léonie était tellement vieille qu'elle roulait les R ». 

J'ai trouvé ça si joli que je n'ai pas voulu être seul à en profiter. Surtout que "Tante Léonie", ça doit résonner aux oreilles des amoureux de la haute littérature.

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La maison de tante Léonie à Illiers-Combray (pas besoin de préciser, j'espère).

On aurait presque du mal à croire que la tante Léonie de l'actrice a vraiment existé. D'autant que Ludivine Sagnier ajoute une autre perle à son collier. Elle raconte que lorsque la tante savait que la famille allait arriver chez elle, elle élevait beaucoup d'escargots qu'elle nourrissait des meilleures salades. C'est ainsi que :

« Quand on arrivait, on allait voir les escargots qu'elle avait engrossés ».

Quelle générosité ! Quelle munificence ! Quelle dilapidation de richesses ! Merci Mme Sagnier !

Note : je n'invente rien, bien entendu. La preuve.

lundi, 14 février 2022

MORT D'UNE GRANDE DAME

Une grande dame vient de mourir. Une grande dame du droit. Je ne suis pas juriste, mais j'avais lu avec un immense intérêt Libertés et sûreté dans un monde dangereux (Seuil, 2010). J'écoutais avec le même immense intérêt ses cours au Collège de France, vous savez, à l'époque où France Culture diffusait, à l'usage de « la France qui se lève tôt » (citation), une émission intitulée "L'Eloge du Savoir", sous les auspices de Christine Goémé, entre cinq et six heures du matin.

Pour rendre hommage à l'impeccable juriste qui vient de mourir, je ne trouve rien de mieux que de republier un texte que j'avais écrit en 2015 après la lecture du livre cité ci-dessus. Les réflexions qu'il m'inspire encore sur les restrictions apportées à l'état de droit par les gouvernements successifs pourraient, je crois, alimenter utilement certains débats actuels et en particulier certains "convois de la liberté". 

MADAME MIREILLE DELMAS-MARTY

DELMAS-MARTY 2010.jpg

L’inconvénient des formations juridiques, c’est qu’elles donnent en fin de parcours aux étudiants une tournure d’esprit excessivement attachée à la « lettre » du droit. D’où une certaine rigidité intellectuelle. Je ne sais pas si vous avez jamais mis le nez dans le texte de la « Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant » (1989) : à vous dégoûter de faire des enfants.

Et je ne parle pas du « Traité établissant une Constitution pour l’Europe », de sinistre mémoire, dont le pavé particulièrement indigeste (191 pages découpées en un déluge de parties, de chapitres, de sections, d'articles et de paragraphes), envoyé à tous les Français en 2005, après un rejet par référendum, leur a été enfoncé de force, légalement et démocratiquement dans la gorge par Nicolas Sarkozy, un peu plus tard, pour les punir d'avoir "mal voté" la première fois. 

Libertés et sûreté dans un monde dangereux (Seuil, 2010), le livre de Mireille Delmas-Marty n’échappe pas à cette rigidité. En revanche, si les formations juridiques ont l'inconvénient que j'ai dit, elles ont l'avantage qui en découle : précision et exactitude. On appellera ça la rigueur. Un certain aspect « scolaire », si l’on veut, dans l’effort de construction, un peu « dissertation », avec introduction générale, trois parties subdivisées et chaque fois introduites et conclues, et une conclusion générale. Personne ne peut se perdre sur un parcours aussi visiblement balisé. La supériorité indéniable de cette méthode, c’est son impeccable netteté.

Alors, de ce livre un peu ardu pour l'éternel néophyte que je suis dans la langue des juristes, je ne retiens pas tout. Je laisse en particulier de côté ce qui fait la complexité et les vents contraires qui agitent les relations entre les instances juridiques nationales, européennes et internationales, les subsidiarités, les conflits, les résistances. 

Je garderai juste la convergence de vues entre l’auteur et un juge dont j’ai lu récemment Le Rapport censuré (Jean de Maillard, voir mon billet du 9 mars), au sujet du poids incroyable que pèsent les Etats-Unis dans le domaine des relations (judiciaires et autres) internationales. Si je voulais résumer en simplifiant, je dirais que les Etats-Unis, non seulement se permettent tout quand leurs intérêts sont en jeu (Guantanamo, Bagram, …), mais font pression sur les autres nations pour qu’elles adoptent les mêmes critères qu’eux dans la « lutte contre le terrorisme ». Traduction : ils les y obligent, au motif de la loi du plus fort (le juge Maillard parle des transactions commerciales en dollar, qui doivent impérativement passer par une banque américaine sous peine de).

Ce qui m’a en revanche intéressé au plus haut point dans le livre de Mireille Delmas-Marty, c’est tout ce qu’elle dit de l’évolution inquiétante du droit, qu’il soit national ou international. Et pas dans le sens de l’Etat de droit. Je le dis tout net : tout en n’étant pas juriste, j’ai trouvé passionnante l’analyse qu’elle fait de deux conceptions opposées du droit, qui renvoient à deux conceptions antinomiques de l’humanité, l’une de tradition « humaniste », l’autre de tradition « guerrière ». Les gens au courant trouveront sûrement "basique" cette petite leçon de philosophie du droit. Elle est à mon niveau.

En France, traditionnellement, la justice attend qu'un individu ait commis un délit ou un crime pour le juger et le condamner, après établissement irréfutable des faits. L’auteur appelle cela « le couple culpabilité / punition », ajoutant que cette « école pénale » est « fortement influencée par Kant et Beccaria », c’est-à-dire qu’elle repose sur « l’universalisme des droits de l’homme » (p. 84-85)

Mais elle repose aussi sur l'idée que l'individu, sauf circonstances spéciales, sait ce qu'il fait. Il est mû par la raison, il est libre, donc il est responsable. "Justiciable", comme on dit. Le corollaire, c’est que personne ne peut être poursuivi avant. C’est l’acte qui fait le délinquant. C’est l’infraction qui justifie la poursuite. C’est un individu particulier qui est présenté au juge ("individualisation de la peine"). 

Or il existe une « école pénale » qui prône des idées radicalement autres. Une école dont la philosophie repose sur une « anthropologie guerrière ». Une école « positiviste », qui fait de l'homme, non un être libre et responsable, mais un être entièrement déterminé. Une école fondée par un certain docteur Lombroso au tournant du 20ème siècle. Une école qui invente le concept de « criminel-né ». Un juriste allemand, Carl Schmitt (1932), ira jusqu’à formuler l’idée d’ « ennemi absolu ». Deux concepts qui semblent s'imposer de nos jours.

Cette école divise donc l'humanité en une masse de gens normaux d'une part, et d'autre part une catégorie d’humains naturellement prédisposés à commettre des crimes. Des humains dans lesquels le Mal est inné (à supposer que tous les autres en naissent exempts). Mais le soupçon peut se porter pratiquement sur n'importe qui, étant donné que cette prédisposition ne se porte pas sur le visage. La preuve, c'est la stupéfaction des voisins quand le père tranquille tue sa femme, ou autres circonstances tragiques.

Selon cette conception, on ne parle plus de « culpabilité », mais de « dangerosité potentielle ». On ne parle plus de « peines de prison », mais de « mesures de sûreté », aux contours éminemment flous, à durée indéfinie. Ce n'est plus ce que vous avez fait qui compte, mais ce qu'un collège d' « experts » vous aura jugé capable de commettre dans l'avenir.

Autrement dit, on passe du diagnostic (acte avéré) au pronostic (acte potentiel, virtuel ). Sarkozy, on s’en souvient, était même allé jusqu’à proposer un « dépistage » précoce (dès trois ans) de la dangerosité future des enfants. Si vous enfermez un type pour des actes qu’on l’imagine potentiellement capable de commettre, il passera sa vie derrière les barreaux, plus sûr moyen de ne jamais savoir s’il en aurait commis.

Autrement dit, dès la naissance, il y a les humains et les autres. Des « monstres », pourquoi pas. Souvent présentés comme tels, en tout cas. Cette conception est éminemment anti-humaniste. Je reste convaincu qu'Adolf Hitler, Staline, Pol Pot et consort ne sont pas des monstres inhumains, mais qu'ils font hélas partie de l'espèce humaine. Hitler et Pol Pot sont nos semblables. Je déteste l'idée, mais je la crois vraie. L'horreur est humaine, trop humaine.

De plus, Mireille Delmas-Marty pointe, chez Carl Schmitt, une tendance à assimiler dans la même personne l’ « ennemi absolu » et le « criminel-né ». C’est-à-dire qu’il fusionne potentiellement deux institutions : celle destinée à maintenir l’ordre et celle destinée à défendre le territoire national contre une attaque étrangère.

Maintien de l’ordre et guerre reviendraient alors à une tâche unique. Armée et police même combat, avec pour conséquence l'extension de la notion d' « état d'urgence » dans le temps et dans l'espace, avec toutes les restrictions à l' « état de droit » que cela suppose. Je pose la question : qu'est-ce que c'est, l'opération « Vigipirate » (à laquelle vient de succéder « Sentinelle ») ? La « loi renseignement » est du même tonneau.

Elle cite un certain Gunther Jakobs, qui réclame le droit pour la société de « se défendre par des mesures radicales comme l’internement de sûreté ou la création de camps du type de celui de Guantanamo ou de Bagram ». Le vocabulaire employé pour justifier aujourd'hui l'action de l'armée française en Afrique et ailleurs (« Sécurité » ? « Maintien de la Paix » ? « Guerre au terrorisme » ?) est assez élastique pour tout confondre.

Pour le coup, l'état d'urgence tend à se pérenniser, étant entendu que l'urgence devient une norme permanente. C'est comme la drogue : ça commence par le plaisir, ça continue par la dépendance, et après une phase d'accoutumance (augmentation incessante de la dose), ça finit par une overdose.

Ce qui ressort, en définitive, de tout le livre, c’est ce qu’on voit se développer dans toutes les directions depuis le 11 septembre 2001 : la collecte généralisée des données, en particulier des données personnelles. Le nœud coulant policier, dans le monde entier, se resserre autour du cou des individus, que ce soit pour des raisons commerciales (profilage algorithmique des habitudes des consommateurs) ou pour satisfaire le besoin toujours accru de sécurité collective (repérage de mots-clés supposés se rapporter au terrorisme). 

Tout cela se passe avec la complicité des plus hautes instances juridiques (Conseil constitutionnel en France, Cour constitutionnelle de Karlsruhe en Allemagne, …) qui avalisent, non sans contradictions, des lois restreignant les droits, même si d’autres institutions font de la résistance (Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), par exemple). 

Bref, en plein débat sur la « loi renseignement », ce livre de 2010 est encore plus actuel, et devrait alerter les défenseurs de ce qui reste de l’ « état de droit ». Un témoignage de plus sur l’aspect peu ragoûtant du monde qui est en train de mijoter sur les fourneaux de tous les pouvoirs. 

Merci madame, pour la confirmation. Total respect.

Voilà ce que je dis, moi. 

Note : Je préfère ne pas trop évoquer l'optimisme de commande que Mireille Delmas-Marty manifeste en conclusion. Elle veut parier sur la raison des hommes et leur « communauté de destin », plutôt que sur la crainte que s'établissent des « sociétés de la peur ». Je veux bien. C'est son droit. En tant que grande universitaire, elle ne se sent peut-être pas le droit de faire autrement. On n'est pas obligé de partager cet optimisme, vu les évolutions actuelles sur de multiples terrains différents (politique, société, économie, écologie, ...). 

***

On a eu le temps de perdre de vue le contexte de l'époque qui a assisté aux débats sur la « loi renseignement », mais sept ans après cette lecture marquante et après deux ans d'alerte sanitaire constante quoique sinusoïdale au gré des navigations à vue et des "stop and go" du gouvernement, je ne suis pas sûr qu'il y ait beaucoup à changer ou ajouter.

Quand Mireille Delmas-Marty a pris sa retraite en 2012, c'est monsieur Alain Supiot qui lui a succédé. Si ses perspectives sont très différentes de celles de notre grande dame, son propos reste accroché à une altitude où la raréfaction de l'air nécessite une contention permanente de l'esprit : la densité des analyses n'est pas faite pour les paresseux.

En témoigne une lecture que je ne suis pas près d'oublier et que je conseille à tous les lecteurs avides de comprendre dans quel monde les pouvoirs modernes cherchent à nous faire vivre : La Gouvernance par les nombres

TOTAL RESPECT !!

mercredi, 29 décembre 2021

DESMOND TUTU, L'HUMORISTE

Petite histoire racontée par Desmond Tutu, l'archevêque sud-africain, incroyable héros de la lutte non-violente contre l'apartheid mort le 26 décembre, un jour où, monté sur scène, il s'adressait à un public nombreux : « On est le 24 décembre au soir. C'est Saint Joseph qui s'adresse à l'aubergiste : "Aidez-moi, ma femme est en train d'accoucher". L'aubergiste répond : "Mais je n'y suis pour rien !" [rires dans la salle] Et Saint Joseph réplique : "Mais moi non plus, je n'y suis pour rien !" [large éclat de rire dans la salle] ».

***

Entendu le 27 décembre au matin sur l'antenne de France Culture.

lundi, 01 novembre 2021

A MORT L'HÔPITAL PUBLIC !

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Faut-il que la situation apparaisse enfin catastrophique à un responsable du journal pour que Le Progrès lui-même s'y mette et en fasse un (tout petit) titre de "Une", mais deux pleines pages en pp. 2 et 3 (ci-dessus le titre de p.2) !!! Attention, Le Progrès n'est pas un "journal de référence" et n'y a aucune prétention. Le Progrès tient à rester un bon petit soldat de la P.Q.R. (Presse Quotidienne Régionale), qui rapporte fidèlement les petits événements de la vie des gens, piétons renversés par des chauffards, voyous voleurs d'Iphones, cambriolages de restaurants où le bandit a été retrouvé ivre-mort le matin, rodéos sur la place des Terreaux sous le nez du maire écologiste, bref : rien que des choses importantes. 

Parlons sérieusement : l'hôpital est au bord de l'effondrement. Le Progrès n'a rien inventé. Cela fait longtemps que les plus fins connaisseurs de la question lancent dans le désert des cris d'alarme : « Au secours ! La citadelle hospitalière se lézarde ! » Et ça ne date pas de la pandémie : on ne compte plus les manifs d'infirmières, d'aides-soignantes, de sages-femmes, etc. qui ont parcouru les rues. Plus fort : il n'y a pas si longtemps, on a vu des centaines et des centaines de "mandarins", médecins des hôpitaux, professeurs connus et reconnus démissionner de toutes leurs tâches administratives.

A l'initiative de quelques-uns, un "Collectif Inter-hôpitaux" a été créé, qui envoie régulièrement en mission devant les micros et les caméras que la presse consent à consacrer au problème, pour décrire la progression du mal qui gangrène l'hôpital. Tout dernièrement, j'ai entendu Mme Agnès Hartemann, qui ne fait, la malheureuse, que redire, rabâcher, ressasser les mêmes horreurs (cf. sa conférence de presse de janvier 2020, mais aussi d'autres interventions).

Guillaume Erner, qui anime les Matins de France Culture, a aussi invité François Salachas, neurologue à La Pitié-Salpêtrière. Lui aussi ne mâche pas ses mots, il y va même carrément : l'hôpital est en train de crever. Il y a des signes qui ne trompent pas, à commencer par la désertion de tout un tas de personnels qui, dégoûtés, saturés, surmenés, ne supportant plus d'être ainsi malmenés par l'institution elle-même, filent dans le privé ou le libéral, voire changent de métier. Au point que dans certains services (pédopsychiatrie et autres), 20% des lits restent inoccupés par force, faute de compétences disponibles. Comme quoi la fermeture de lits par les hautes autorités n'est pas le seul problème.

Et ce n'est pas seulement une question de rémunération. Ce qui pourrit la vie professionnelle de tous les gens qui travaillent dans le secteur du soin à l'hôpital public, c'est l'inflation de la bureaucratie hospitalière, qui exerce son pouvoir au détriment du SOIN, la seule et finale raison d'être de tout établissement médical. Pensez : il y a à l'hôpital autant de gens dont la mission est de soigner que de gens dédiés à l'administration. Les témoignages abondent pour dire que le COVID a été providentiel en même temps qu'il a mis en lumière la mainmise des administratifs et comptables : au plus fort de la crise, l'administration s'est d'un seul coup mise au service des personnels soignants, qui n'en revenaient pas. On a même vu des taxis amener et ramener chez elles des aides-soignantes, aux frais de la princesse.

Mais qu'on ne s'y trompe pas, une telle situation idyllique ne pouvait pas durer, comme l'a signalé l'excellente Agnès Hartemann quand elle a vu revenir en force tous les réflexes de la bureaucratie hospitalière, qui a recommencé à dicter sa loi, au mépris de toute logique de soin. Comme si la pandémie ne devait être considérée que comme un incident de parcours, en attendant que les affaires puissent reprendre leur cours normal. Disons-le : c'est maintenant chose faite.

Le retour de la situation mortifère dans laquelle se trouvait déjà l'hôpital public avant la pandémie me fait dire, à tort ou à raison, que tout cela résulte d'un plan à long terme. Concocté par qui, je n'en sais fichtre rien. Mais il est toujours permis d'émettre quelques hypothèses. La mienne tient en un sigle : H.P.S.T. C'est celui auquel se résume une loi voulue, votée et promulguée sous la présidence de Sarkozy, Mme Roselyne Bachelot étant l'exécutrice des hautes œuvres (je ne vois pas de meilleure expression) en tant que ministre de la Santé. HPST, ça veut dire Hôpital-Population-Santé-Territoire. Cela sent à plein nez le concept produit par un crâne d'œuf, une engeance toujours fertile quand il s'agit de produire des machins sur papier qui ravissent les politiques et qui martyrisent les gens qui connaissent le terrain parce qu'ils y vivent et travaillent. 

Pour s'en tenir aux données cruciales en évitant de se lancer dans des circonvolutions philosophiques, cette loi veut faire de l'hôpital une entreprise comme les autres, et pour atteindre ce noble objectif instaure le "paiement à l'acte". Voilà, c'est aussi brutal, direct et simple que ça. Sans connaître dans le détail le texte de cette loi (qui ne comporte pas, selon certains, que des aspects néfastes, ce que je veux bien croire), je me dis que nous voici, onze ans après le début de son application, devant l'effarant résultat, littéralement catastrophique, qu'a entraîné cette loi scélérate. Je me dis aussi que Bachelot-Sarkozy devraient au moins être accusés, à l'encontre de l'hôpital public, de "coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Et encore, sur l'"intention", ne suis-je pas entièrement convaincu. Vous ne vous dites pas ça, vous ?

Quoi qu'il en soit, si Emmanuel Macron veut vraiment sauver l'hôpital public, comme il l'a plusieurs fois laissé pressentir dans ses discours, il a une première tâche qui lui tend les bras : en finir avec la loi H.P.S.T, en finir avec le "paiement à l'acte".

***

Note : j'en ai assez de citer la promesse faite à Mulhouse par Macron à l'hôpital public en 2020. Cet homme est un homme de grands mots, d'intentions vertueuses et d'envolées lyriques. Il ne mérite plus qu'on prête attention à l'air qu'il brasse. Laissons donc toutes ses paroles s'envoler au vent et disparaître à l'horizon. 

jeudi, 28 octobre 2021

AU VIOL !!!

« Le mâle ! Le mâle dont le baiser est une blessure, dont l'étreinte est une torture, dont l'attente est une angoisse ! Le mâle qui viole comme l'assassin tue, le mâle qu'elle a déjà subi et qu'il faut fuir, fuir comme la mort. »

...

« Il est là. Il approche. Elle sent le vent de son corps lancé à sa poursuite. Il est derrière elle; il va l'atteindre ! Oh ! lui tenir tête et résister. Elle arrive à la galerie et se retourne vivement pour opposer à l'ennemi la herse de ses pattes armées. Un choc violent. Un pilier de terre s'écroule, et Nyctalette, qui l'a heurté en se retournant, roule aussi parmi l'avalanche des mottelettes.

En un bond il est sur elle ; il la tient ; il lui serre entre ses petites dents la peau du cou moite de sueur, et tandis qu'elle jette aux sombres échos des souterrains des appels désespérés, un sexe barbelé, comme une épée de feu, lui perfore les flancs pour le viol, le viol éternel et sombre que toutes les Nyctalettes subissent quand les sèves montantes ont enfiévré dans leurs veines le sang ardent des mâles féroces aux sexes cruels, par qui se perpétue l'œuvre auguste des maternités douloureuses. »

***

On s'y croirait, n'est-ce pas ? On l'aura sans doute compris : l'action se passe dans un tunnel, souterrain étroit où se déplace, vit et se nourrit le monde des taupes. Un petit monde, certes, mais impitoyable, comme on le voit. Le sexe du mâle de la taupe est-il "barbelé", comme l'écrit l'auteur ?  

On trouve cette prose dans la nouvelle Le Viol souterrain, extraite de De Goupil à Margot, prix Goncourt 1910. Son auteur, Louis Pergaud, est mort en avril 1915, au cours d'une attaque dans le secteur des Eparges (cote 233). Son corps n'a pas été retrouvé. A-t-il, comme certains le supposent, reçu des balles alors qu'il était coincé dans des barbelés, puis été écrasé dans le bombardement de l'hôpital où des Allemands l'avaient emmené ?

On ne lit plus guère, je pense, ses formidables nouvelles campagnardes (J'aime aussi énormément La Revanche du Corbeau). C'est tout à fait regrettable. Lit-on davantage La Guerre des Boutons, son livre le plus connu du fait des multiples (cinq selon l'encyclopédie en ligne) transpositions au cinéma ? Pas sûr.

J'ai trouvé intéressant de citer ce passage en des temps où il ne fait pas bon être un homme ou un père. Des temps où vous pouvez entendre aux informations sur France Culture de superbes calembredaines du genre : « Un enfant en dessous de six ans ne ment pas, c'est prouvé ! » ou « Toutes les mères protègent leur enfant ! ». Ces "fake news" — comme le montre la pas si ancienne "affaire d'Outreau" —, c'était aujourd'hui [27-10] sur France Culture, chaîne publique nationale réputée sérieuse : on ne peut plus se fier à personne. Aucun vrai journaliste n'était là pour démentir.

mardi, 29 juin 2021

POURQUOI L'ABSTENTION ?

C'EST A CAUSE DE LA PAROLE.

DISQUALIFIÉE, IMPUISSANTE ET INUTILE.

Depuis le 20 juin 2021, j'écoute les propos des politologues, les calculs des sondeurs, les analyses des sociologues, tous spécialistes plus savants les uns que les autres et se fondant sur des études toutes plus fouillées, rigoureuses et méthodiques les unes que les autres. Une seule question : pourquoi l'abstention ? Pourquoi ces deux tiers de Français qui semblent avoir dit adieu à l'expression légale de leur citoyenneté ? 

Mon analyse est peut-être un peu sommaire, mais elle prétend aller droit au but. Ce que plusieurs décennies de Vème république n'avaient fait qu'ébaucher, les trois dernières présidences l'ont achevé.

Nicolas Sarkozy, admettons-le, a joué à l'homme d'action et ce qu'il a fait a pu ressembler à de l'action politique, si ce n'est que celle-ci a été en réalité bien souvent destructrice. Justice ? Il a envoyé le soldat Rachida Dati ratiboiser ce qui dépassait : il ne devait pas rester une "boîte de petits pois" (son expression) dans le stand de tir. Il a liquidé la très salutaire et utile police de proximité mise en place sous Jospin. Côté police encore, il a détruit le renseignement de terrain en fusionnant les RG et la DST. Laissons de côté quelques autres méfaits annexes et néanmoins collatéraux.

Je retiens de la présidence de François Hollande une sorte de volonté mollassonne et peureuse d'imposer des lois clientélistes, comme le mariage homosexuel, qui ont radicalement clivé la population française de façon presque aussi profonde que les manières de faire de son prédécesseur. Il ne faut pas oublier aussi l'usage immodéré de l'article 49-3 pour parvenir à ses fins, qui avait réussi à dresser contre lui un groupe non négligeable de parlementaires bientôt baptisés "frondeurs".

Ces deux présidents ont largement montré aux Français qu'il n'était plus possible de faire confiance dans leur parole, qu'ils avaient malaisée, maladroite ou brutale, quand ce n'était pas carrément mensongère. Ils ont aussi montré que leur capacité d'action — autre que destructrice — sur les choses pour les améliorer était à peu près nulle, même s'ils gardaient encore un certain pouvoir sur les symboles (au hasard : le mariage).

Emmanuel Macron a porté le coup de grâce à ce qui fait une bonne partie de la confiance qu'une population peut avoir dans la politique qu'il subit, par choix ou non. Ah lui, on ne peut pas lui reprocher de ne pas savoir parler. C'est même tout ce qu'il sait faire, mais il le fait avec un savoir-faire consommé. Au point qu'il a impressionné tout le monde : qu'il s'agisse de tenir sept heures à tchatcher face à des dizaines de maires plus ou moins remontés, de proposer avec emphase et enthousiasme un Grand Débat National pour étouffer le mouvement des Gilets Jaunes ou de monter de toutes pièces une Convention Citoyenne pour le Climat avec cent cinquante "vrais citoyens", on a de toute évidence à faire à un maître en matière de discours. On a trouvé en 2017, peut-être pas un "maître des horloges", mais un maître de la parole. 

Le problème, justement, c'est que ce Niagara d'éloquence, qui promettait pour très bientôt le "retour des jours heureux", s'est très vite révélé un pauvre pipi de chien sur un trottoir étroit. Je ne sais pas trop où en sont les maires de France avec le pouvoir central depuis l'étalage de leurs bisbilles avec lui, mais ce dont je suis sûr, c'est que la baudruche du "Grand Débat National" gonflée à l'hélium en accéléré s'est dégonflée encore plus vite. Quant à la Convention Nationale pour le Climat, on a vu de quel souriceau décharné a accouché la Montagne, que dis-je, l'Olympe du haut duquel Jupiter lançait la foudre de ses promesses. Je n'oublie surtout pas « le plan massif d'investissement pour l'hôpital public » sorti en pleine pandémie de la bouche oraculaire d'Emmanuel Macron. Celui-là, quand il s'entend parler, il s'enflamme, enivré de lui-même.

La conséquence de tout ça ? C'est très simple : la parole politique dans son ensemble est proprement, salement et complètement DISQUALIFIÉE. Ne cherchez pas plus loin la raison pour laquelle votre fille est devenue aussi muette que les urnes. La parole politique est disqualifiée. Et cette tragédie (c'en est une) française ne résulte de rien d'autre que de l'IMPUISSANCE des politiques à faire en sorte que les vœux, souhaits, volontés et promesses dont ils abreuvent les médias et les oreilles des citoyens se concrétisent concrètement dans la réalité réelle de la vie des populations dont ils se targuent d'avoir le pouvoir d'améliorer le sort (pardon pour la complexité de la phrase). 

Je serais même tenté de généraliser mon propos et d'affirmer que toutes les paroles au sujet de l'état préoccupant du monde et des moyens de remédier à ses maux sont devenues impuissantes et inutiles. Ce que je dis ici n'empêchera certes pas les sociologues et autres spécialistes de toutes sortes de spécialités "scientifiques" dites "humaines" d'émettre des Niagaras d'hypothèses, de formuler des montagnes d'analyses, voire de construire des labyrinthes de théories (mais ça, qui oserait une telle audace aujourd'hui ?). 

Disons la chose plus brutalement : plus personne ne comprend quoi que ce soit à ce qui est en train de se produire et surtout plus personne n'est capable d'opposer à la fatalité des faits, des événements et des processus l'efficacité d'une volonté. Et plus personne n'est en mesure de poser sur la complexité des faits, des événements et des processus une parole pertinente. C'est la validité même de la rationalité de la parole que le monde actuel, tel qu'il fonctionne, annule. Elle est là, la tragédie.

A titre personnel, je peux dire que je ne supporte plus le ton de certitude joyeuse sur lequel s'expriment bon nombre des savants invités sur la chaîne de France Culture. De même, les pages "Tribunes" ou "Débats" du journal Le Monde me laissent béat d'amusement à la lecture des colliers de "Il Faut" que les intervenants passent au cou d'une réalité qu'ils voudraient étrangler dans le licou de leurs concepts, et qui leur échappe comme l'eau dans les doigts.

Les sciences humaines, ainsi que leur savoir patiemment et méthodiquement édifié, passent leur temps à pérorer dans le vide. La parole qui se dit, se veut et se prétend rationnelle n'est plus d'aucune utilité. Les explications, les analyses entrent en collision. Comme toujours, me dira-t-on, mais aujourd'hui avec un tel souci de se mésentendre avec les autres, avec une telle haine des points de vue opposés au sien que toute collectivité se scinde, se fragmente, se pulvérise en blocs opposés et irréconciliables, comme les gauches de Manuel Valls.

Et Geoffroy de la Gannerie peut, sans se faire ratatiner la figure au coin d'un bois, appeler à la censure des opinions (Marcel Gauchet) qui ne ressemblent pas assez aux siennes (parce qu'il assume et argumente, le bougre !). Cela dans une époque où les humains sont en train de mettre la dernière main à la reconstruction de la Tour de Babel, mais en ayant cette fois en leur possession tous les moyens terrifiants que leur offre la technique. Et cela dans une époque où la France ne cesse de perdre des forces et du terrain sur ses "concurrents" dans le champ de bataille qu'est devenue la planète.  Dans ces conditions, quel espace respirable reste-t-il à la parole ? 

Et c'est ce que comprennent de mieux en mieux les populations auxquelles on demande de donner de temps en temps leur avis sur les capacités respectives d'individus qui se présentent tout fiérots à leurs suffrages de changer quoi que ce soit à quoi que ce soit. Pour ma part et à tort ou à raison, je ne cherche pas ailleurs la raison de l'abstention de plus en plus massive des citoyens aux élections françaises. Ils ont compris que leur parole ne vaut plus rien. La mienne comme la leur, évidemment. La démonétisation de tout ce qui se dit, de ce qui se parle, de ce qui se communique, est flagrante (voir fake news, complotisme et autres fariboles).

Et ce ne sont pas les savants linguistes, inventeurs des "actes de parole" ou les psychanalystes (Jacques Lacan, Denis Vasse, etc.), inventeurs du "sujet de la parole", qui me convaincront du contraire.  

Voilà ce que je dis moi.

Note : on me dira que la parole rationnelle n'est en réalité, depuis Platon, Socrate, Aristote et quelques autres esprits éminents, qu'une aimable fiction que les esprits éminents se colportent de génération en génération et de bouche de druide à oreille de druide, le soir au coin du feu comme on fait pour les contes de fées. Je veux bien. J'ai cependant la lourde impression que, pour tout ce que nous disons et dans l'âge que nous vivons, quelque chose se passe qui ne ressemble en rien à tout ce qui a été vécu auparavant. Mais c'est peut-être une simple forfanterie, allez savoir.

dimanche, 07 mars 2021

GUILLAUME ERNER ...

... OU L'ART DE TORPILLER UN INVITÉ.

Normalement, j'aime bien les émissions des Matins de France Culture où officie, en temps ordinaire, le nommé Guillaume Erner, expert en sociologie et descendant en droite ligne universitaire d'Emile Durkheim et Max Weber réunis. Les questions qu'il pose aux personnes invitées pour le savoir particulier qu'elles détiennent dans un domaine particulier sont pertinentes, et en général il leur laisse le temps de développer les réponses à ses questions avant de passer à la suivante.

C'est la raison pour laquelle je me demande pourquoi, vendredi 5 mars, il a invité le sociologue Jean-Pierre Le Goff. Je ne suis certes pas sociologue, mais j'ai lu il y a quelque temps, du nommé Le Goff, un bouquin qui m'a assez intéressé pour me laisser un souvenir positif. Cela s'appelait La France d'hier, et j'avais dans un billet mis l'ouvrage en parallèle avec un bouquin de Régis Debray : Civilisation (comment nous sommes devenus américains).

Pour faire vite, je dirai que si Debray décrivait assez justement comment les Français se sont, au cours du XXème siècle, débarrassés de TOUT ce qui faisait précédemment leur identité nationale pour adopter les objets, les produits, les manières d'être et de penser américains, Le Goff racontait par le menu TOUT ce qui composait précisément la vie quotidienne (la "culture") des Français avant que le soft power venu d'outre-Atlantique ne balaie tout ça et ne le renvoie au plus secret des vieilleries ringardes et des vestiges d'une époque définitivement révolue.

Le propos de Le Goff m'avait semblé intéressant, pertinent et justifié quant au fond. C'est pourquoi je m'interroge : pourquoi Guillaume Erner a-t-il invité Jean-Pierre Le Goff ? Il n'a en effet pas cessé, surtout dans la deuxième partie de l'émission, de lui couper la parole et de l'empêcher de développer son point de vue. Pour tout dire, ce comportement d'un « journaliste » m'a rappelé celui de Laurent Joffrin dans des émissions Répliques d'Alain Finkielkraut, où le patron de la rédaction du Nouvel Obs pilonnait l'adversaire à tout moment de ses phrases pour rendre ses propos strictement inintelligibles.

Honte à vous, monsieur Guillaume Erner !

Ce comportement, cette stratégie minable, qui prive l'auditeur de France Culture du minimum de cohérence nécessaire à la réception de la pensée ("bonne" ou "mauvaise" !) de l'invité, est tout simplement

INDIGNE D'UN JOURNALISTE !

samedi, 23 janvier 2021

"LE MONDE" SE DÉBALLONNE

Je serais à la place de Jérôme Fenoglio, je rentrerais sous terre pour me cacher. Le journal Le Monde, qu'il dirige, à présenté ses excuses à tous ceux qui pourraient se sentir blessés par le dessin de Xavier Gorce paru auparavant. Des excuses ! J'aurais tellement honte que je refuserais l'invitation de France Inter à venir expliquer l'attitude de mon journal. Mais non ! Le pire, dans l'affaire de Xavier Gorce — ce remarquable dessinateur de presse qui y plaçait ses "Indégivrables", des sortes de pingouins se contentant de quelques traits pour délivrer des points de vue très souvent marrants sur le monde tel qu'il cloche —, c'est que Jérôme Fenoglio assume.

Droit dans ses bottes, il explique aux micros que les collègues s'empressent de lui tendre (pensez : le directeur du Monde en personne ! Les micros sont déférents avec les gens de pouvoir) : "Un journal est en droit de refuser de publier des propos ou un dessin qui ne sont pas conformes à son orientation" (je cite en substance et dans les grandes lignes). 

Le pire, c'est que Le Monde l'a publié, le dessin qui fait polémique ! Et ce dessin, je ne suis pas le seul à le trouver excellent : le tiédasse Plantu lui-même, qui s'apprête à prendre sa retraite de la "une" du Monde, l'a déclaré sur France Culture. 

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Et vous savez pourquoi je le trouve excellent, ce dessin ? D'abord parce qu'il jette une lumière inattendue, donc marrante – que certains jugeront incongrue – sur une question qui agite toute la médiasphère jusqu'au tohu-bohu (c'est à Freud qu'on doit l'expression "tohu-bohu de l'inceste", ce n'est peut-être pas dans son célèbre livre Totem et tohu-bohu) ; ensuite parce j'ai immédiatement pensé à un autre dessin formidable, mais qui traitait simplement, il y a fort longtemps, d'un paradoxe temporel tout à fait science-fictionesque : un type remonte le temps, rencontre une femme qui se trouve être sa mère-mais-il-ne-le-sait-pas, l'épouse, et je vous passe les déductions embrouillées et jubilatoires que Gotlib en tirait (à moins que ce ne soit Goscinny : je ne me rappelle plus si c'était dans les Dingodossiers ou la Rubrique-à-brac).

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Honte à vous, monsieur Fenoglio ! Honte au journal Le Monde ! Quelle infamie ! Quelle déchéance pour le soi-disant "journal-de-référence" ! Bon, les optimistes se diront que Le Monde n'a pas emboîté le pas au New York Times, qui est allé jusqu'à bannir de toutes ses pages toute intervention dessinée quelle qu'elle soit. Mais là on est dans les folles dérives de la pudibonde, puritaine, hypocrite Amérique.

J'en conclus que l'Amérique n'a pas fini d'exporter – et jusque dans des pays si fiers d'habitude pour prendre la défense de la liberté d'expression, et quelques journalistes d'exception l'ont payé de leur vie !!! – son exécrable "politiquement correct", où ce sont toutes les minorités qui dictent leur loi à la majorité et qui, au moindre chatouillis ressenti à la surface de leur "sensibilité", se débrouillent pour faire taire ceux qu'ils considèrent comme des agresseurs ! Dans le cas du dessin de Xavier Gorce, on peut voir qu'un journal comme Le Monde a une pétoche épouvantable. Tout ce qui risquerait de sonner à la porte du journal en se présentant sous les traits d'une victime d'inceste ou d'un individu "transgenre" est comme le diable en personne. 

C'était donc ça, le "monde d'après" qu'on nous promettait ? Monsieur Fenoglio, je n'ai qu'une grosse chose à vous dire : "Merde" !!!

mercredi, 02 décembre 2020

ANNE SYLVESTRE ET VIOLENCES POLICIÈRES

Anne Sylvestre (Beugras de son vrai nom, ça ne s'invente pas, et ça explique le pseudo : dans la Bible, il me semble qu'on sait ce qui arrive au bœuf gras au retour du fils prodigue, non ? – Oui, je sais, ce n'est pas « léger comme du duvet ») est morte, paraît-il. Ben oui, et alors ? Pourquoi en faire une affaire ? Je vais vous dire : j'ai rarement entendu une voix (je parle exclusivement du timbre et de mon oreille à moi) respirant à ce point-là la bêtise. Dans mon entourage immédiat, pas toujours très charitable, j'ai entendu souvent "niaise", "gnan-gnan" et toute cette sorte de choses. C'est subjectif et assumé comme tel.  Je ne parle pas du reste.

Je préfère écouter les propos éminemment sensés et pondérés que quelques connaisseurs ont échangés à propos de la police française : Anthony Caillé, syndicaliste CGT ; Valentin Gendrot, journaliste infiltré dans un commissariat du 19ème arrondissement de Paris, auteur de Flic (éditions Goutte d'or). Cela se passait mardi 1er décembre dans l'émission Les Matins (cliquer) de Guillaume Erner sur France Culture (39 minutes).

Le troisième invité serait plutôt un intrus : Alain Bauer est criminologue à ce qu'on dit, mais il était (est toujours ?) copain comme cochon de Stéphane Fouks (pub et com') et Manuel Valls, tous anciens poulains préférés de Michel Rocard. Bauer, par-dessus le marché, fut un temps Grand Maître du Grand Orient de France et, à l'époque de Sarkozy, était arrivé à se voir offrir sur un plateau, taillée sur mesure, une chaire universitaire de professeur de criminologie, au grand scandale de quelques-uns, plus légitimes. Oui, tout ça est vrai, mais il se trouve que ce matin-là il a dit des choses plutôt de bon sens.

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Bauer, Rocard, Valls, Fouks.

Au total, j'ai trouvé en Caillé, Gendrot, et même Bauer, non des militants défendant mordicus une cause à coups de langue de bois d'un côté, de propagande de l'autre et d'omerta d'un troisième, mais des gens plutôt raisonnables, et surtout très informés.  Et ça, ça fait du bien, parce que ça vous redresse la comprenette. Oui, il y a des cinglés de la matraque, de la baffe et du coup de poing dans les rangs de la police. Oui, la hiérarchie tend à couvrir les abus, ou à la rigueur ferme les yeux (une anecdote dans le livre de Gendrot : une commissaire ouvre la porte d'une pièce où un gardé à vue est en train d'en prendre plein la figure : « Holà, je repasserai »). Oui, le temps de formation est très insuffisant. Non, les policiers de base n'ont pas "peur" des images.

Une bonne émission.

Bien mieux qu'une petite chanteuse qu'on essaie aujourd'hui de faire passer pour une grande.

jeudi, 15 octobre 2020

« PARENTHÈSE ENCHANTÉE »

ODE A UN MOMENT DE RÉGRESSION MASSIVE ET DÉLICIEUSE

« Est-ce parce que les températures sont en baisse, à cause des jours qui raccourcissent, est-ce parce que la pluie, si discrète pendant des mois, nous envoie son crachin à la figure ? Je me disais hier que je reprendrais bien une dose, mais rien qu’une petite dose, de confinement. Non pas que j’aie la moindre nostalgie de ces journées passées en pantoufles et en pyjama devant mon écran d’ordinateur, moment de relâchement vestimentaire, tout juste interrompu par la sortie quotidienne pour aller faire les courses et par la cérémonie de l’apéro délinéarisé entre amis. Pas de chagrin non plus en songeant au bon petit plat, au bon petit dessert, au bon petit goûter, que le confinement, en abolissant la corvée des transports, me laissait le temps de faire. Non, ce qui me manque le plus, à moi qui ai eu la chance de traverser cette période dans des conditions très confortables, c’est l’optimisme qui caractérisait nos enfermements, en pensant à ce à quoi ressemblerait le monde d’après. Je ne sais pas ce que le Covid a fait à la science en général, mais le confinement pour l’écologie, laquelle est aussi une science, fut comme une parenthèse enchantée. Ce furent d’abord les oiseaux qui sifflèrent le début de la recréation. On ne les entendait plus, voilà qu’ils revenaient, bientôt suivis par les canards, les biches, les sangliers, les loups : toute une panoplie d’animaux sauvages qu’on pouvait apercevoir en guettant à sa fenêtre. Les arbres et les fleurs se laissaient aller à pousser comme bon leur semble. La betterave n’avait pas encore la jaunisse. Il n’était pas question de réautoriser les néonicotinoïdes. Désormais, tout ce qui atterrirait dans nos gamelles serait forcément sain, sans pesticides. Sain et local : le virus venait de réveiller notre patriotisme alimentaire. Notre souveraineté passerait désormais par nos assiettes. Dans le monde d’après, rien ne serait plus comme avant. L’individualisme céderait le pas au collectif, l’égoïsme à l’empathie, le consumérisme à la sobriété. Bien que tenus à distance les uns des autres, il n’était pas question de séparatisme. Nous ne manquions pas d’idées pour répondre à l’absurdité de ce monde d’hyperconsommation. Une fois dehors, nous saurions y résister. Combien furent-ils au total, par tribunes interposées, à saluer cet électrochoc salutaire, à considérer que le virus nous ouvrait les yeux sur notre déconnexion d’avec le vivant ? La pandémie nous rendait vulnérables, nous n’en étions que plus lucides. Le moment était d’autant plus exaltant que tout concordait pour faire de l’écologie la clé de compréhension de ce qui était en train d’arriver. Les voitures restées au garage, les avions cloués au sol n’apportaient-ils pas la preuve de leur impact sur les émissions de gaz à effet de serre, et donc sur le réchauffement climatique ? La vitesse de circulation du Covid n’était-elle pas un argument à charge pour faire le procès de la mondialisation économique ? Le pangolin et la chauve-souris étaient des messagers venus nous avertir : voyez ce qui va vous arriver si vous continuez à malmener la nature. La Terre se rebellait, Gaia tenait sa vengeance. Plus rien ne serait comme avant dans le monde d’après. Alors est-ce à dire que le déconfinement a invalidé la lecture des événements ? Certes, il y eut quelques corrélations un peu hâtives, pas toujours validées par la science, mais l’écologie, qui semblait le seul horizon possible, est redevenue une sorte d’épouvantail. Alors, est-ce parce que les températures sont en baisse, mais je reprendrais bien une petite dose de confinement. »

Hervé Gardette, France Culture, chronique « Transition » du 7 octobre 2020 à 8 heures 45 (le titre est de moi).

dimanche, 04 octobre 2020

L'ETAT DE LA FRANCE

Pour avoir une petite idée de ce qui attend les gens les plus vulnérables de la société française, branchez-vous sur les propos d'Henriette Steinberg (présidente du Secours Populaire), tenus le samedi 3 octobre après les infos de 9 heures, dans une émission souvent agaçante et dont je ne raffole guère : Les Matins du samedi, conduite par Caroline Broué. 

Quelques extraits.

***

Alors que la crise sanitaire a fait basculer nombre de Français dans la précarité, plusieurs associations de lutte contre la pauvreté ont rencontré vendredi le Premier ministre, qui a promis un "Acte II" du plan pauvreté. Entretien avec Henriette Steinberg, Secrétaire générale du Secours populaire.

« C’est l’une des conséquences indirectes de la crise sanitaire et du confinement qui a duré deux mois au printemps : le nombre de pauvres dans notre pays a bondi, comme en témoigne le dernier baromètre du Secours populaire qui a été dévoilé mercredi. Les associations de lutte contre la pauvreté ont été reçues à Matignon hier pour « un rendez-vous de la dernière chance », ont-elles été entendues ?

Cela fait des mois que nous voyons arriver des populations que nous n'avions jamais vu arriver au Secours Populaire. Nous n'allons pas les chercher : il s'agit de travailleurs qui ont perdu leur emploi. Chacun de nous peut le voir. Dans nos villes lorsque nous marchons, nous voyons des rideaux métalliques qui ne se lèvent plus.

Nous avons été écoutés par Matignon. Pour ce qui concerne le Secours populaire, nous avons proposé une solution : celle de créer des marchés populaires solidaires, dont les contenus seraient proposés par les agriculteurs de la région et qui permettrait aux populations de se fournir à des tarifs qu'ils peuvent payer. En partant de la proximité, on crée du lien, de l'emploi, du développement durable et cela permettrait aux familles de pouvoir manger. 

On sort, parfois de la pauvreté. Mais cela prend du temps. L'un des moyens consiste à donner de l'argent et des produits. Mais cela consiste aussi à ce que chacun prenne en main, non seulement son destin, mais aussi celui de son voisin. L'idée selon laquelle on résout le problème en prenant une fraction de la population sans regarder les autres est catastrophique. Au Secours populaire, nous regardons l'ensemble de la population. Et si nous le faisons, les pouvoirs publics peuvent aussi le faire. » (texte copié-collé sur le site de l'émission – excepté quelques corrections orthographiques)

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On savait déjà que la France, un des pays les plus riches du monde, paraît-il, comptait, avant la crise du Covid-19, plus de 9 millions de pauvres. Madame Henriette Steinberg, personne énergique et combative, explique dans cette émission, avec une netteté tranchante, que les bénévoles qui animent le Secours Populaire ont été éberlués de voir arriver, depuis le confinement et plus encore ensuite, des sortes de gens qu'ils n'avaient jamais vus frapper à leur porte. Ça veut dire que la marée de la pauvreté prend des proportions inédites. On le voit dans les régions avec l'explosion des bénéficiaires du RSA.

La voilà, la vraie France, la France des gilets jaunes, la France qui souffre, hors de vue du gouvernement en général et d'Emmanuel Macron en particulier.

Car pendant ce temps, le fringant président de la même France, dont l'arrogance ne connaît décidément plus de limites, pérore sur le "séparatisme islamiste" (avec quels effets dans le réel ?) ou fait la leçon aux dirigeants libanais, au dictateur biélorusse, et même à Vladimir Poutine – qui doivent bien se marrer.

https://www.franceculture.fr/emissions/linvitee-actu/henr... 

mardi, 14 juillet 2020

LES PERVERS PÉPÈRES DE L'HUMANITAIRE

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C'est entendu, tous les gens qui interviennent sur toutes sortes de terrains dangereux dans l'excellente et insoupçonnable intention de venir au secours de toutes sortes de populations en butte aux tracasseries de leurs dirigeants ou aux bisbilles plus ou moins militaires et destructrices que ceux-ci entretiennent à plaisir avec des adversaires plus ou moins agressifs, tous ces gens sont admirables. Ils sont indubitablement du côté du Bien (le Grand, vous savez, celui qui n'ambitionne que d'étendre son "Empire").

On peut néanmoins rester perplexe quand on observe les effets pervers provoqués par l'énorme machine humanitaire, qui essaie vaille que vaille, en comptant sur la générosité d'autres populations – plus favorisées par le destin, celles-ci, et qui regardent à la télé les informations affligeantes qui accourent de partout –, de se tenir à la hauteur des malheurs du monde et de dresser à la petite cuillère un barrage contre l'océan des calamités qui s'abattent sur des gens dont, non contents de ne rien avoir pour se défendre, le seul bien est la déveine de vivre sous des cieux par trop incléments.

La première observation à faire, depuis les ébauches inaugurales de structures humanitaires et autres futures "O.N.G." (M.S.F. est né, me semble-t-il, lors de la guerre du Biafra au début des années 1960, je laisse à part la Croix-Rouge), est précisément que plus ces organisations se sont développées, plus les malheurs du monde ont augmenté. Comment est-ce possible ?

Ce qui était au départ un louable élan de générosité et de solidarité est devenu, disons-le, une grosse industrie en parfait ordre de marche. Une composante à part entière d'une réalité de plus en plus complexe, de plus en plus dangereuse, de plus en plus invivable pour une part croissante de l'humanité. C'était en fait le piège diabolique tendu par le côté obscur de la force qui caractérise l'action humaine aux éclats de lumière altruistes spontanément exprimés dans l'abstrait par les humains, quand ils sont "éloignés du théâtre des opérations". 

Coluche a eu beau n'espérer que la dissolution de son association pour cause de disparition des problèmes, force est de constater que, quelques décennies plus tard, les "Restos du Cœur" n'ont jamais été aussi éloignés du jour futur de la dissolution, et qu'au contraire ils ne sont appelés qu'à croître et embellir à mesure que se déchaîne le chaos du monde qu'on croyait "organisé".

Certes non, l'action humanitaire n'est pas en elle-même la cause de l'aggravation des situations. Probablement non. Enfin disons ... pas directement. Sans vouloir taquiner les susceptibilités, j'invite quand même tous les bons cœurs et les belles âmes altruistes qui se mobilisent et investissent de leur temps ou de leur argent dans « l'action humanitaire » à réfléchir aux résonances d'une phrase que j'ai entendue le 2 juillet dernier, en conclusion (18h58') d'une émission "Le Temps du débat" (Emmanuel Laurentin, France Culture). Je ne connaissais pas Madame Monique Chemillier-Gendreau, mais on comprend très vite qu'elle a un jugement tout à fait sûr. Voici ce qu'elle déclare quand l'animateur lui demande de conclure :

« L'humanitaire, c'est le Service-après-Vente des marchands d'armes ».

Méditez bien cette phrase : elle va loin. Et retenez ce nom : Monique Chemillier-Gendreau. Cette phrase me semble porter une VÉRITÉ éblouissante. Ce qu'elle dit ? Que non seulement l'action humanitaire ne remédie à RIEN, mais qu'elle est au service des fous sanguinaires et autres fauteurs de guerre qui se disent qu'après leur passage, les larbins passeront avec la serpillière pour nettoyer le champ de bataille de toutes les saloperies qu'ils auront commises. L'humanitaire donne champ libre au cynisme des pouvoirs. L'action humanitaire n'est pas sans effet, et les grands méchants loups de la planète l'ont bien compris : ils délèguent à des sous-traitants le traitement des conséquences de leurs cruautés. N'est-ce pas un proverbe chinois qui dit : « Intervenir dans le réel modifie le réel » ?

A la limite, je dirais que les humanitaires sont complices des crimes auxquels ils proclament que leur action prétend remédier. Pourquoi ? Parce qu'ils ont opéré une sorte de division du travail entre les criminels professionnels et les sauveteurs professionnels : "à vous le boulot de mort, à nous les pansements". Naïveté congénitale, angélisme niais, aveuglement buté, optimisme fanatique, voilà ce que c'est, les vertus des humanitaires. A leur place, vous savez quoi ? Non seulement je ne ferais pas le fier, mais j'aurais honte et j'irais vite me cacher.

Et surtout, après cette trop longue invasion de peste émotionnelle et sentimentale, due pour l'essentiel à l'hyperinflation médiatique, je me remettrais à penser le monde politiquement, et non à partir de bêtes considérations affectives. Car l'hyperinflation de l'humanitaire à laquelle on assiste signifie une chose simple, une chose triste, une chose tragique : l'impuissance et la démission du politique dans la marche du monde. L'humanitaire est la négation du politique.

L'espace et le volume toujours plus considérables occupés sur tous les écrans par l'action humanitaire reflète en réalité l'affirmation unanime des Etats les plus puissants de la planète de la primauté absolue de leurs seuls intérêts sur toute autre considération : seules comptent leur richesse, leur puissance, leur domination. L'humanité est entrée – depuis déjà un certain temps (fin de la guerre froide ?) – dans une logique d'affrontement. Finie la coopération, terminées l'O.N.U, l'O.M.S., la F.A.O. et tutti quanti : juste quelques milliers de fonctionnaires internationaux grassement payés.

L'humanitaire peut courir longtemps derrière ce genre de divisions blindées en train de s'affronter pour la sécurisation (= l'accaparement) des ressources. Finalement, j'ai pitié des humanitaires et je suis effrayé du désespoir dont ils sont l'expression la plus spectaculaire.

Voilà ce que je dis, moi.

P.S. : Pas besoin, j'espère, d'en appeler aux Mânes de Gotlib pour expliquer le titre de ce billet. 

samedi, 04 juillet 2020

JOURNALISME D'EXCELLENCE ?

La France s'enorgueillit par tradition du haut niveau d'exigence de ses écoles de journalistes. Les professeurs qui y enseignent sont tous de remarquables exemplaires de la profession : bon nombre des 200 "grands" éditorialistes (parmi lesquels deux douzaines de pures vedettes : Joffrin, Giesbert, etc.) que compte l'hexagone sont rétribués pour y dispenser conseils, recettes et ficelles du métier.

On doit à ces vaillants "petits soldats du journalisme" (titre du livre de François Ruffin – député France insoumise et directeur de la publication de la revue Fakir – sur les coulisses de ces fabriques de l'élite de la presse française) des efforts constants et soutenus pour fournir à la population des organes d'information qui soient à la hauteur de ses attentes. C'est ainsi que les journalistes français ne se lassent pas de hisser le rocher de Sisyphe sur le sommet de l'excellence professionnelle. Hélas, comme dans la mythologie, le rocher ne cesse de retomber dans le caniveau (« l'opprobre du ruisseau », comme dit Boby Lapointe).

Les exemples abondent de cette quête de la perfection – toujours déçue ! Ainsi a-t-on pu apprendre, sur la chaîne nationale France Culture, hier vendredi dans le bulletin de 18 heures, qu'au moment de la passation des pouvoirs entre Edouard Philippe, ex-premier ministre et maire du Havre, et Jean Castex, le maire de Prades désigné par Emmanuel Macron pour le remplacer dans cette fonction, Edouard Philippe avait le col de sa chemise ouvert et qu'il portait en guise de boutons de manchette deux paires de "tongs", dont la journaliste se demandait s'il les porterait effectivement à son retour au Havre. 

Voilà de l'information, messieurs-dames ! Voilà le journalisme que le monde entier nous envie, messieurs-dames ! Et l'on a pu entendre ces informations cruciales sur France Culture !

Bravo et merci ! Grâce à vous, je sais ce qui est important à savoir.

mercredi, 17 juin 2020

ADIEU FRANCE INTER

« Si j'ai trahi les gros, les joufflus, les obèses, ...», chante Georges Brassens dans Le Bulletin de santé (pas besoin de citer la suite, j'espère). Moi, c'est à France Inter que j'ai fait depuis longtemps une infidélité massive. J'ai divorcé sans états d'âme. J'ai déjà esquissé ici même quelques raisons de ce désamour. Je suis revenu y déposer mes oreilles pendant le confinement, les autres radios nationales ayant été mises en panne. Et ça ne m'a pas fait changer d'avis, je vous assure.

1 – Publicité.

La première des raisons qui m'avaient fait rompre avec la grande chaîne publique – je ne parlerai même pas des radios marchandises RTL, RMC, Europe 1, ennemis publics et interdits de séjour chez moi – était l’invasion progressive du temps d'antenne par l'ogre publicitaire. Je conçois parfaitement que les responsables de Radio France cherchent des ressources financières pour compenser la scélérate diminution des dotations de l'Etat.

Mais ce n'est pas une raison suffisante pour que l'auditeur reste fidèle, d'autant que j'ai cru comprendre que les "animateurs" de belles émissions ont, comme sur France Culture, le statut d'intermittents du spectacle, et qu'ils bénéficient des indemnités chômage au moment de la mise en vacances d'été de toute l'antenne, crise ou non du coronavirus.

Pour moi le scandale est précisément dans l'abandon de la radio publique par les pouvoirs publics aux forces du marché (je ne parlerai surtout pas du retour du règne des comptables dans la "gestion" des hôpitaux parce que là). Et c’est une diarrhée de réclames pour des marchandises (MAF, MMA, Euromaster et autres fadaises crétinisantes)  qui vient polluer mon environnement sonore.

Par exemple, en ce moment sur France Inter, est diffusée une publicité apparemment grande et généreuse : tous les dimanches, Isabelle Autissier vient demander aux auditeurs de ne pas oublier le WWF au moment de rédiger leur testament (« Faites un legs ! »). Autissier vendue à la marchandise régnante ! C’est obscène, immonde et ordurier. Le WWF ne défend pas une cause : c'est une multinationale pratiquant le "greenwashing". J'exagère peut-être, mais.

J'en reste à cette forte maxime martelée en son temps par le grand Charlie Hebdo, attention, pas celui du petit Philippe Val [un temps directeur de France Inter sous Sarkozy], mais le vrai, le beau drageon d’Hara Kiri fait par une bande de vrais complices : « La publicité nous prend pour des cons, la publicité nous rend cons ». C'est une ligne rouge.

A cette occasion, je préviens France Culture que s'il prend aux dirigeants de la chaîne l'envie de truffer l'antenne de tels excréments, je n'hésiterai pas à fermer les écoutilles (mais je ne me fais pas d'illusions : je sais que je fais partie statistiquement des epsilon qui interviennent dans la courbe à partir du troisième zéro après la virgule).

2 – La deuxième des raisons qui m'ont fait quitter le navire France Inter est à la fois plus globale et plus fondamentale. Il y avait, il y a longtemps, des émissions qui retenaient mon attention pour une raison ou pour une autre (je ne détaille pas). Cela a changé. Je n'essaierai pas de reconstituer le fil de l'évolution : juste deux points de repère.

a – Course à l'audience.

D'abord la "course à l'audience". Pour être premier dans les statistiques d’Audimat, il est nécessaire de ratisser le plus large possible. « Ratisser large » ? Pas besoin d'être sorti de l'ENA pour comprendre : le point d'aboutissement, c'est la porcherie de "Loft Story" (1991), autrement nommée "Télé Réalité".

La course à l’audience, c’est ce qu'on appelle le nivellement par le bas : le Peuple de 1789, c'est l'éducation, l'élévation, la Déclaration des Droits de l'Homme, l'abolition des privilèges. La Populace de 1793, c'est la guillotine à plein régime, des droits et du pouvoir à la "canaille" et aux Sans-culottes aussi fiers de tutoyer "Capet" que d'étaler leur ignorance et leur arrogance.

En 2020, France Inter "se met à l'écoute" constante et complaisante des auditeurs, à coups de sondages et d'enquêtes marketing : pas un bulletin d’information sans un petit reportage « sur le terrain » pour recueillir un « son », du « vécu », une ambiance, un témoignage, des réactions « en direct » de « gens ordinaires ». On peut dire que le micro de France Inter, comme toute bonne gagneuse qui se respecte, « fait le trottoir ».

La place prise aujourd'hui par les interventions de tous les M. et Mme tout-le-monde (je parle surtout des tranches d'informations) est telle que l'information elle-même se trouve étouffée ou noyée. Je n'ai jamais appelé et n'appellerai jamais le standard du "Téléphone sonne", et je ne comprends pas l'empressement qui pousse tous ces gens à se bousculer pour "parler dans le poste". S'imaginent-ils ainsi participer au "Grand Débat" social ? Je sais l'epsilon que vaudrait ma voix à partir de l'antenne de France Inter : un simple prénom, un gravier qui fait "floc" en tombant dans la mare aux canards. De toute façon, qui cela peut-il intéresser de savoir que M. Untel regrette amèrement que la plage de Royan soit interdite d'accès pour cause de confinement ? 

Mais il paraît que « ça fait plus vrai ». Et ça donne quoi ? Les auditeurs plébiscitent par exemple "La Bande originale" de Nagui, Daniel Morin et consort, consternant, affligeant, déprimant moment de "divertissement" où les animateurs éclatent sans cesse en rires mécaniques parce qu'ils sont payés pour ça, et que ça booste - paraît-il - l’Audimat. Qui nous délivrera de ces "humoristes" ? Pour moi, accepter d'entendre ça sur une chaîne publique, c'est élire domicile dans une poubelle.

b – Le tronçonnement de la durée.

Ensuite, le découpage des tranches horaires en lamelles de plus en plus minces : pas le temps de s'installer dans un sujet que c'est déjà reparti dans une autre direction. Partant du principe que l’auditeur actionne la zappette dès qu’il sent l’ennui pointer le bout de l’oreille, les manitous de la programmation semblent gagnés par une fringale d’interventions extérieures, et multiplient à plaisir des « chroniques » dont le point commun à l’arrivée est qu’on a un mal fou à reconstituer le fil et le contenu : sitôt prononcées, sitôt oubliées. Essayez donc de vous souvenir du thème et du propos précis des chroniques ainsi entendues. Il ne reste rien : un clou chasse l’autre. On a suivi, l'intérêt étant constamment "renouvelé", mais à l'arrivée, plus rien.

3 – L'instrument de propagande gouvernementale.

Le confinement de la population a donc mis en panne bien des services de Radio France, en particulier France Culture, ne laissant émerger en pointe d’iceberg que l’antenne de France Inter (je ne supporte pas France Info pour la raison indiquée ci-dessus). Mais pendant cette période bizarre, il est admirable qu'au premier rang des invités, aient figuré systématiquement (je n’ai pas fait le compte mais) des ministres, des secrétaires d’Etat, des conseillers, des députés de la majorité présidentielle, pour que l’auditeur se rende bien compte que le gouvernement faisait tout ce qui était humainement possible pour « lutter contre la pandémie ». Oui, pendant le confinement, France Inter a bien été "La Voix de son Maître". On peut dire que, grâce à France Inter, la parole officielle a été correctement relayée, copieusement retransmise, abondamment répercutée. Ce débouché offert à la propagande gouvernementale m'a écœuré.

C'est pourquoi je redis aujourd'hui : « Adieu France Inter ! ».

Voilà ce que je dis, moi.